Corps mutilés et morts suspectes

Le mardi 4 février 1744, vers sept heures du matin, au troisième étage de la Maison Pelet, à la Madeleine, où pend une enseigne de laurier, une servante célibataire, Marie Pittet, originaire de Pampilly dans le baillage de Morges, est accouchée par Susanne Gervais. Son enfant est mort. Une enquête est diligentée pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un crime. La déposition de la sage-femme corrobore les affirmations de la parturiente. Le chirurgien visiteur public scrute la dépouille, confirme que le nouveau-né n'était pas arrivé à terme et exempte la mère de toute responsabilité dans le décès. La domestique « ignore de qui elle avoit été enceinte » : elle a subi des « violences » de deux Suisses huit mois plus tôt. Lavée du soupçon d'infanticide, elle est néanmoins condamnée comme paillarde et chassée de la ville.
Fabrice Brandli
Michel Porret
Les corps meurtris. Investigations judiciaires et expertises médico-légales au XVIIIe siècle

Dans le cas de Marie Pittet, l’expertise médico-légale a pu être formelle. Servante de la justice, elle est appelée à la rescousse pour déterminer d’éventuelles culpabilités à l’occasion de morts inopinées ou de blessures diverses. Sabourin, convoqué en 1739 pour autopsier un petit inconnu, exprime ses doutes dans son rapport : « Quelle aura donc pû être la cause de la mort de cet enfant toutes les parties exterieures et interieures étant en bon Etat ? C’est ce qui est difficile à décider ». Comme l’indiquent les questions posées par le spécialiste, la médeci...

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