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J’ai toujours lu les poèmes de George Oppen en éprouvant un malaise facile à décrire. Je vais m’aider en citant une formule de Karl Kraus rapportée par Walter Benjamin dans son Baudelaire : “Plus je regarde un mot, plus il me répond en regardant de plus loin.” Je comprends : “Plus je lis un poème de George Oppen, plus il me répond en me livrant le plus loin.” Et ce plus loin qui devrait correspondre à une réalité — vraiment réelle — m’oblige à affronter une réalité en passe de laisser échapper voile après voile, comme si cette réalité ne pouvait me parvenir que tamisée...

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