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Monet et l'abstraction

    La saison est aux Impressionnistes, et particulièrement à Monet. En Normandie, à Rouen la luminosité qui modèle des façades rendues historiques, les jeux de l’eau, ceux des brumes. À Paris maintenant et, à l’automne, Monet connu et Monet à découvrir.

EXPOSITION
MONET L’ABSTRACTION
Musée Marmottan-Monet, Paris
du 17 juin au 26 septembre 2010


CATALOGUE
par Jacques Taddei, Paloma Alarco,
Michel Draguet et Thierry Dufrène
Hazan, 176 p., 70 ill., 29 €

    La saison est aux Impressionnistes, et particulièrement à Monet. En Normandie, à Rouen la luminosité qui modèle des façades rendues historiques, les jeux de l’eau, ceux des brumes. À Paris maintenant et, à l’automne, Monet connu et Monet à découvrir.

Georges Clemenceau, l’ami et le soutien de Monet, qui œuvra tant et si efficacement en faveur des Nymphéas, écrivait à l’ouverture d’un chapitre de son Claude Monet Les Nymphéas : « l’eau attirait la brosse de Monet. La mer, la Seine, la limpide surface sommeillante où la corolle rose et blanche des nymphéas apporte des essaims de feux follets ».

Des nymphéas, il y en a à l’exposition du musée Marmottan, mis en perspective avec la peinture qui suivit celle de Monet et qu’il influença. Le musée Marmottan a joint le nom de Monet à celui qu’il renvoyait au propriétaire du précieux hôtel particulier qui possède aujourd’hui le plus grand fonds existant d’œuvres de Monet. Au musée du Ranelagh, on verra Monet intime. Pour l’heure, présentée dans son meilleur orient, une exposition dont le thème n’est pas tout à fait neuf, mais qui bénéficie d’une mise en scène, d’une disposition de rapports, neuves : Monet et l’abstraction.

Cette réussite est due à la collaboration du Musée de Paris et de la Fondation Thyssen-Bornemiza de Madrid.

Au premier appartiennent des œuvres classiques comme l’illustrissime tableau de 1873 Impression, soleil levant, auquel l’Impressionnisme doit son nom. Le voici, à l’entrée, dans la salle Brumes et variations, joint à Charing Cross Bridge (1899), à Parlement Reflets sur la Tamise (1905), et confronté à une Image abstraite, lac, peinte par Gerhard Richter en 1997. Richter, peintre à l’œuvre multiple disait : « Je me considère comme l’hériter de la grande, de l’immense et riche culture de la peinture, de cette culture universelle de l’art que nous avons perdue mais à laquelle nous sommes redevables. »

La dette des peintres de l’après-Monet elle est, à l’exposition, présentée de façon voulue rigoureuse. Deuxième vue : Effets de lumière. Le choix est vaste, éclectique : un Rothko rutilant de 1969, un Scintillement rouge de Hans Hofmann (1962), une Image avec trois taches de Kandinsky. L’abstrait historique avait été bouleversé par les variations de la lumière sur une nuit de Meules. Mais cette Meule, présentée ici seule (1890), peut paraître moins génératrice des effets de la lumière. Moins que ceux d’autres Monet.

De la touche au geste, un chapitre attendu. Et qui ne déçoit pas : Le Pont japonais, Bassin aux nymphéas, et trois Pollock. Et Rythmes de la terre (1962) de Tobey, si cher au grand marchand, Beyeler.

Attendu aussi, Dans le jardin de Monet. John Mitchell qui, à l’image de Monet, a composé le sien.

Quelle est, ou quelle fut « l’empreinte » de Monet ? Bazaine, Nicolas de Staël, Vieira da Silva ? Peut-être. Peut-être, surtout, n’était-ce pas la meilleure conclusion à donner à cette exposition radieuse.

Georges Raillard