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Orlando Mostyn Owen

 Dans la même saison deux faits d’art sont remarquables. Aux Galeries nationales du Grand Palais, la grande mise en scène de Boltanski. Et dans les lieux où l’on pense que la peinture n’est pas morte, la résurgence des pouvoirs anciens de la peinture-peinture : couleur, matière. Et sujets, fussent-ils parfois indéchiffrables. 

EXPOSITION

ORLANDO MOSTYN OWEN

BACK DOOR ARCADIA

Galerie Polad-Hardouin

86 rue Quincampoix, Paris 3e

28 janvier - 13 mars 2010

Catalogue illustré

 Dans la même saison deux faits d’art sont remarquables. Aux Galeries nationales du Grand Palais, la grande mise en scène de Boltanski. Et dans les lieux où l’on pense que la peinture n’est pas morte, la résurgence des pouvoirs anciens de la peinture-peinture : couleur, matière. Et sujets, fussent-ils parfois indéchiffrables. 

Au musée Marmottan on confronte le fauvisme et l’expressionnisme. On gomme la bouderie française à l’égard des expressionnistes. Chez Claude Bernard l’exposition Zoran Musič fait souvenir de la dette de cet artiste à l’égard de peintres comme Schiele et Kokoschka. N’y revenons pas, même si ce dernier peintre est parfois dans la proche parenté du jeune artiste exposé à la Galerie d’art contemporain de Polad-Hardouin.

L’exposition, violente, mais à considérer de près, est celle d’un jeune peintre anglais Orlando Mostyn Owen. C’est sa première exposition en solitaire à Paris.

On parlera d’agression, tant la couleur est puissante, tenant les compositions, les scènes, la végétation, aux dépens d’un dessin propre à arrêter les figures. Ici tout est hors de proportion, un minotaure, un éléphant, des scènes (Le Temple), des personnages avec lesquels on peut bâtir des histoires, des romans érotiques. On y est conduit par les hors-limites de la peinture, par l’identification des personnages avec l’épaisseur de la pâte et la force des couleurs dont ils sont faits par la nature où ils sont installés, par les lieux où ils se perdent.

On trouve dans Italia Felix une jeune fille superposable à celle de Kokoschka, peinte en 1922 : de légères coulures de lavis. Mais Orlando Mostyn Owen se définit comme un peintre « lourd ». « Il y a, écrit-il au catalogue, une peinture épaisse, c’est une sorte d’archéologie de l’être. »

Le jeune peintre est attaché à deux artistes, Eugène Leroy redécouvert sur le tard et le Marseillais Adolphe Monticelli, « deux artistes que j’aime énormément. Leur peinture est épaisse parce qu’elle est le résultat de ce besoin qu’ils ont de résoudre le nœud du monde. »

Pour Monticelli, la matière picturale était porteuse de pensée, comme pour Van Gogh. Il décrit à son frère Théo une toile de cyprès, quelques épis de blé, des coquelicots, un ciel bleu qui est comme une étoffe écossaise, celle-là qui est empâtée comme les Monticelli.

Par le recours à « l’entassement », par le passage du dessin à la peinture, Van Gogh souhaite réaliser ce que Monticelli a su obtenir : une furie d’empâtements.

Georges Raillard