« Les Américains sont très friands de classiques ». Entretien avec Sandrine Butteau, directrice de la librairie Albertine à New York

Patricia De Pas : La librairie Albertine est-elle toujours la seule librairie française des États-Unis ?  Sandrine Butteau : Effectiveme...

Patricia De Pas : La librairie Albertine est-elle toujours la seule librairie française des États-Unis ? 

Sandrine Butteau : Effectivement, nous avons célébré les six ans de la librairie en septembre dernier. Albertine est toujours l’unique librairie aux États-Unis à offrir plus de 15 000 références en français, ou traduites du français vers l’anglais. Mais nous avons montré l’exemple puisqu’une librairie française uniquement dévolue aux livres jeunesse a ouvert ses portes il y a quatre ans dans l’Upper East Side. Et surtout, nous avons créé des partenariats avec les librairies américaines indépendantes, à qui nous proposons une sélection de titres français (littérature, jeunesse et sciences humaines) pour leurs enseignes. Nous avons baptisé ces partenariats les « French Corners » et nous travaillons maintenant avec les librairies indépendantes les plus réputées des États-Unis : Politics and Prose (Washington DC), Elliott Bay Book Company (Seattle, WA), Brookline Booksmith (Boston), The Book Cellar (Chicago), Green Apple Books on the Park (San Francisco), Book Soup (Los Angeles), Seminary Co-op (Chicago), Alliance Française (Los Angeles), Alliance Française (Minneapolis), Community Bookstore (Brooklyn, New York), Malaprop’s Bookstore / Café (Asheville, NC) et tout récemment Beausoleil Books (La Fayette, Louisiane) et Mcnally Jackson à New York. Nous élargissons notre action en nous associant avec des acteurs locaux et indépendants ! 

P.D.P : Quels sont vos liens avec l’ambassade ? 

S. B. : La librairie Albertine a été initiée par les services culturels de l’ambassade et en est l’un de ses départements. Albertine se situe dans les locaux des services culturels, dans le magnifique hôtel particulier du 972 5th Avenue, dont la construction fut commanditée par la famille Payne Whitney et dont les plans ont été dessinés par le célèbre architecte du Gilded Age, Stanford White. 

P.D.P. : Vos clients réguliers sont-ils plutôt des Américains ou des Français installés à New York ? 

S. B : Avant la crise déclenchée par la Covid-19, notre clientèle était composée à 50 % d’Américains et à 50 % de Français expatriés. 

P.D.P. : Le contexte sanitaire a-t-il eu une incidence sur les préférences des lecteurs ou sur la fréquentation de la librairie ? 

S. B. : La crise sanitaire a modifié la manière dont nos clients fréquentent la librairie. Nous avons mis en place un système de réservation des ouvrages via notre site et offrons la possibilité, soit de venir chercher les livres en magasin, soit de les expédier à domicile. Nous avons constaté que nos clients commandent plus volontiers en ligne, qu’ils regroupent leurs commandes, donc viennent moins souvent mais achètent davantage à chaque passage ou lors de chaque envoi. 

P.D.P. : Quelles sont leurs préférences de lecture ? 

S. B. : Nous avons constaté que les Américains sont très friands de classiques. Nous vendons beaucoup les œuvres de Dumas, Flaubert, Maurois, Giono, Zola, Duras, Proust bien évidemment, mais aussi des livres de sciences humaines. Le rayon jeunesse a beaucoup de succès également auprès de notre lectorat américain et français. Les Français expatriés, quant à eux, sont davantage attirés par la littérature contemporaine. 

P.D.P. : Quels sont vos projets à court et à moyen terme pour la librairie ? 

S. B. : Nous aimerions développer notre présence dans les « French Corners », nous faire mieux connaître du public américain, développer nos programmes de partenariats, de rencontres entre écrivains et intellectuels français et américains. Nous ne manquons ni d’idées, ni d’ambition.

Patricia De Pas

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