La sortie du film de Rachid Bouchareb s’effectue donc avec quelques soubresauts. Nous n’en sommes plus (pas encore ?) aux menaces de pose de bombes pendant les projections, comme à l’époque de La Bataille d’Alger – rappelons qu’en 1970, le film de Gillo Pontecorvo, enfin exploité après quatre ans d’interdiction, connut ces vicissitudes et fut même détruit à l’acide sulfurique, dans une salle de Lons-le-Saulnier, par un commando de patriotes. Hors-la-loi n’a eu droit pour l’instant (veille de sa sortie), après la manifestation cannoise d’un quarteron de nostalgiques cornaqués par quelques édiles tricolores pur jus (dont aucun n’avait vu, bien évidemment, le film), qu’à des heurts verbaux lors de l’avant-première marseillaise. On peut faire confiance à la bêtise, jamais en repos, pour que d’autres remous se produisent.
Les bientôt cinquante années écoulées depuis la signature des accords d’Évian n’y font rien : les cicatrices ne sont pas refermées. On aurait pu croire qu’un slogan tel qu’« Algérie française » était désormais relégué sur la même étagère que « Ridgway la Peste » ou « Libérez Henri Martin ! » – un souvenir pour une génération, une trace historique pour les quadragénaires éventuellement intéressés par les vieilles affaires de famille. En tout cas, sans affects. Erreur. En réalité, le passé ne passe pas si facilement, et l’extrême-droite, et pas seulement elle,...
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