En 1997, l’historien Frederick Cooper et l’anthropologue Ann Laura Stoler publiaient un ouvrage collectif – intitulé "Tensions of Empire. Colonial Culture in a Bourgeois World" – qui a fait date dans le vaste champ des études coloniales et postcoloniales. Se donnant pour ambition d’introduire davantage de complexité dans notre compréhension des logiques d’empire, le livre regroupait une dizaine d’articles, présentant des perspectives originales sur des situations coloniales tirées de contextes très divers. Seize ans plus tard, les éditions Payot publient une traduction française de la dense introduction de ce volume sous le titre : « Repenser le colonialisme (1) ».
La grande force du livre – résumée dans son titre original – est son invitation à penser les mondes colonisateurs et colonisés dans leurs tensions et leurs interactions réciproques, plutôt que de façon séparée. Cette idée – apparemment simple – oblige en effet à réviser bon nombre des présupposés implicites qui ont longtemps orienté la recherche.
Tout d’abord s’impose l’idée que les phénomènes coloniaux ne sauraient être pensés uniquement au prisme de l’omnipotence des métropoles sur les espaces colonisés. Loin des images simplifiées qui insistent sur la puissance sans faille des...
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