Le 28 septembre 1966, vers six heures du matin, pour la première et dernière fois de sa vie, André Breton « lâchait prise », à l’hôpital Lariboisière. L’année prochaine sera commémoré le cinquantième anniversaire de sa disparition et la correspondance de Breton deviendra enfin accessible, son destinataire ayant exigé que celle-ci, déposée au fonds Jacques Doucet, ne puisse être rendue publique qu’après un délai de cinquante ans. D’ores et déjà, je suis en mesure d’annoncer que trois volumes en préparation seront publiés au fil de l’année 2016, avant plusieurs autres, sans aucun doute. C’est pourquoi le livre de Radovan Ivsic – lui-même disparu en 2009 – revêt aujourd’hui une importance particulière, son auteur ayant accompagné Breton durant les dernières semaines de son existence, et jusque dans l’ambulance qui le ramenait de Saint-Cirq-Lapopie à Paris le 27 septembre, aux côtés d’Elisa, sa compagne.
Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout
Radovan Ivsic n’est pas inconnu de nos lecteurs, les volumes consacrés à la réunion de l’ensemble de ses poèmes, à ses huit pièces de théâtre – dont ce Roi Gordogane qui, pour se situer quelque part entre Jarry et Gombrowicz, n’en développe pas moins son propre espace tant sa singularité est grande –, et à ses essais et textes politiques, tous édités par Gallimard, ayant donné lieu à autant de chroniques ici même (1). Mais avant de retrouver ce qui fait la raison première de ce volume posthume, il convient de revisiter à grandes guides la trajectoire de cet enchanteur croate, co...
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