Les ambivalences rabelaisiennes. Rabelais et l'interprétation

On a l’habitude de considérer la Renaissance comme un mouvement de glorification de l’homme. Le Discours de la dignité de l’homme (1486) de Pic de la Mirandole en témoigne. Dans le Pantagruel, premier roman de Rabelais, la lettre de Gargantua célèbre l’homme, doté par Dieu de « grâces et prérogatives ». Ce mouvement va de pair avec un appétit de connaissances, un élan vers un « abysme » de savoir dont la lettre de Gargantua se fait également l’écho. Les hommes du xvie siècle estiment en effet que, si la connaissance est une clé pour l’interprétation du monde, c’est également d’elle que dépend notre humanitas : grâce aux connaissances acquises par une saine éducation, déclare Érasme, « on ne naît pas homme, on le devient » (De pueris).

Il faut toutefois nuancer ce double élan vers l’homme et la connaissance. Les lettrés de l’époque sont animés aussi par une profonde mélancolie face à une humanité marquée par le péché. Notre monde est une « boule toute mangée de rats » sur le point de s’écrouler (Anonyme, Discours non plus mélancoliques que divers, 1557). Cette image du globe dévoré par les rats figure dans le Pantagruel : « Si l’iniquité des hommes estoit aussi facilement veue » que des mouches sur du lait, écrit Rabelais, « le monde ne seroit tant mangé de ratz comme il est ». Il est significatif que...

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