En 1964, Susan Sontag publie « Against Interpretation » (Contre l’interprétation), un article qui contribuera à lui donner une certaine renommée dans le monde intellectuel américain (1). Le texte en question cherche à aller à l’encontre d’une certaine forme d’enseignement de l’art et de la littérature où l’attention au contenu – et l’interprétation qui en est faite dans les commentaires critiques – primerait sur l’appréciation de la forme en tant que telle. L’interprétation serait en quelque sorte ce qui met à distance les œuvres et empêche d’en avoir une expérience « authentique ».
Dans cet essai, Sontag reprend une thématique bien connue, au moins depuis le romantisme, qui consiste à s’en prendre à l’excès d’interprétation qui musellerait les œuvres d’art – les normaliserait – en les empêchant de se livrer telles quelles.
Généralement les personnes ayant défendu la position selon laquelle « l’interprétation est la revanche de l’intellect sur l’art (2) » – de Schelling à Malraux – affectaient de considérer que les œuvres d’art n’ont pas besoin de médiateurs ; au contraire, expliquaient-elles, les textes d’accompagnement les obscurciraient et empêcheraient l...
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