Sur le même sujet

A lire aussi

Livre du même auteur

Raphaël

Raphaël est-il « parmi les plus grands dans l’histoire de l’art universel » ? La monographie de Claudio Strinati n’hésite pas sur la réponse.
Raphaël est-il « parmi les plus grands dans l’histoire de l’art universel » ? La monographie de Claudio Strinati n’hésite pas sur la réponse.

Trop de reproductions de « Vierges à l’Enfant », « à la chaise », trop de « Vierges à l’Enfant » auraient peut-être usé notre regard ? Au reste, il n’y aurait rien à découvrir dans l’œuvre. Les collections françaises de Raphaël dont, en 1983, Françoise Viatte a fait l’inventaire, ont par leur abondance et leur richesse effacé l’idée d’une découverte possible dans l’œuvre du peintre d’Urbino (1).

Sa vie fut brève (1483-1520). Cette nouvelle monographie – après celle de Pierluigi De Vecchi, traduite en français en 2003 – s’attache à l’histoire du peintre et de l’œuvre, à ses parentés, son évolution et les traits qui le caractériseraient.

En premier lieu, sans doute, les regards des personnages rassemblés dans ce qui apparaît souvent comme sur une scène sollicitant le regard du spectateur. Un « théâtre sacré » et un échange. À propos du Portrait de Castiglione du Louvre, on lit : « Ce portrait est une présence et ce thème de la présence est tout à fait raphaëlesque. »

Le chapitre central du livre est intitulé « la perfection de la forme ». Cette perfection de l’œuvre conduit l’auteur à des formules qui seraient elles-mêmes à la mesure de cette perfection, autrement indéfinissable : « La chambre d’Héliodore est un miracle de l’art et Raphaël est son démiurge. »

Pour Stendhal le Corrège était divin et Raphaël son alter ego : « Chez Raphaël, lit-on dans l’Histoire de la peinture en Italie, on songera moins à la majesté des rois, on n’aura d’yeux que pour la céleste pureté de Marie et les regards de son fils. » Stendhal, sensible à ce théâtre, compare l’acteur Talma « aux belles figures de Raphaël ». Un personnage de rencontre, un voyageur de commerce, a pour Stendhal des yeux à la Raphaël.

Libre à nous d’entrer dans le théâtre de Raphaël en pensant au « divin Raphaël ». Ou bien à la façon, aux lieux, où nous le rencontrons. Les reproductions de la monographie nous ouvrent cent chemins. Chateaubriand à Bologne voit renaître « la sainte Cécile de Raphaël tant elle était plus divine qu’au Louvre dans notre ciel barbouillé de suie ».

La lumière de l’Italie, la lumière du Corrège, la lumière de Raphaël, la lumière de Stendhal. Les dessins préparatoires, les études du corps humain, les esquisses de mise en place des figures nous conduisent à cette lumière dont les reproductions ici retiennent la présence.

  1. Les collections du seul Louvre comptent quelque 400 œuvres. Aux dix peintures célèbres, dites « sublimes », s’ajoutent 334 dessins dont 53 feuilles originales. Chantilly et plusieurs musées de province possèdent aussi des œuvres de Raphaël : 81 originaux au total. En 1992 a été publié un précieux ouvrage concernant Raphaël, son atelier, ses copistes dû à D. Cordelier et B. Py.
Georges Raillard

Vous aimerez aussi