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Simon Hantaï : une rétrospective

Une exposition ample, lumineuse, qui ne se borne pas à orienter nos yeux et notre esprit sur un procédé, ou un mot : le pliage. Des débuts de l’œuvre, de ses phases, de ses incertitudes jusqu’aux grandes toiles finales qui rencontrent le jour, avec lequel elles jouent au-delà des fenêtres. Cette rétrospective conduit nécessairement à la question : qu’est-ce que fut la peinture pour Hantaï ?

EXPOSITION

SIMON HANTAÏ

Centre Georges-Pompidou

22 mai - 9 septembre 2013

Livre-catalogue de l'exposition

Sous la direction de Dominique Fourcade, Isabelle Monod-Fontaine et Alfred Pacquement

Centre Pompidou, 320 p., 49,90 €

Une exposition ample, lumineuse, qui ne se borne pas à orienter nos yeux et notre esprit sur un procédé, ou un mot : le pliage. Des débuts de l’œuvre, de ses phases, de ses incertitudes jusqu’aux grandes toiles finales qui rencontrent le jour, avec lequel elles jouent au-delà des fenêtres. Cette rétrospective conduit nécessairement à la question : qu’est-ce que fut la peinture pour Hantaï ?

Simon Hantaï est né en Hongrie en 1922. Il quitte son pays natal en 1948 en vue d’aller à Paris.

En attendant le visa français, lui et sa femme font une série de visites en Yougoslavie, puis en Italie, qui marqueront profondément le peintre.

Il visite le mausolée de Galla Placidia à Ravenne. Le nom de cette impératrice, fille de Théodose, élevée à Constantinople, active au plan politique au Ve siècle – une mosaïque byzantine nous a conservé ses traits et son regard –, Hantaï nous l’a transmis dans une grande œuvre intitulée À Galla Placidia. Sur un fond sombre, des vibrations suggèrent celles de la mosaïque initiale. Le tableau est marqué d’une croix bord à bord. À l’exposition, cette œuvre est présentée comme un diptyque très contrasté à côté d’une peinture des mêmes années, 1958-1959, intitulée Peinture (Écriture rose). Ici une petite croix parmi un éclatement d’objets – signes sur un fond rose, la réalité d’une « écriture-peinture ».

À Venise, il a découvert l’œuvre de Tintoret, en l’église Madonna dell’Orto. Il restera constamment attaché à cette œuvre. On peut penser, comme cela a été fait, qu’il pouvait trouver dans la manière de Tintoret le moyen de dépasser la fonction de la peinture en tant qu’imitation du réel et de faire apparaître au premier plan l’artificialité et surtout la fulgurance de l’art. Ainsi, dans un livre sur le Tintoret (édité chez Hazan), l’auteur, Guillaume Cassegrain, reproduit face à face le manteau de la Vierge, Mariales, de Simon Hantaï en 1963 et le manteau de la princesse au premier plan de Saint Georges et le dragon, peint par le Tintoret en 1558. Une rupture nette par rapport aux débuts des années 1950, celle du surréalisme. Sous ce nom, des œuvres diverses qui n’aboutissent pas à une vision nouvelle. On y cherche des traces de ce qui prendra forme plus tard dans l’écriture de Hantaï. Il est sensible aux chemins de Pollock.

Mais, en 1958, dans les tableaux intitulés Peinture, apparaît un ductus spécifique. On dirait une peau de serpent qui s’ouvre et se dilate progressivement : une avancée vers ce que seront les ouvertures des Mariales de 1962.

Il faudra attendre cinq ans pour voir s’accomplir ce mouvement d’éclatement de la surface peinte.

Le pliage apparaît dans les Études dès 1969 : blanc et monochrome. Ou bien mettant le blanc en rapport avec la diversité chromatique.

Des œuvres, si l’on peut dire, allègres et conquérantes.

Dans les années 70-80, une nouvelle pratique, rigoureuse, celle des Tabulas.

Jusqu’à la fin, Hantaï semble entretenir un dialogue entre deux pratiques de son art, le mouvement et la réflexion.

La réflexion, c’est-à-dire la lumière et la pensée.

Georges Raillard