Dans LTI, la langue du IIIe Reich. Carnet d’un philologue, Klemperer a comme nul autre décrypté le rôle de la langue dans un système totalitaire et mis à nu la haine de la pensée que ce discours véhicule. Son analyse, d’une extrême rigueur, s’appuie en grande partie sur une ouverture attentive au sensible, à l’émotion. C’est la lecture que propose le philosophe et historien des images Georges Didi-Huberman dans son dernier essai, Le Témoin jusqu’au bout. Une lecture de Victor Klemperer (prix Médicis de l’essai 2022), tout en rappelant l’importance de la psychanalyse à l’heure de penser le politique : « Freud a répondu aux événements tyranniques de son temps par une série de réflexions sur les différentes manières dont la forclusion du symbolique déchaîne les pires faits d’affects et les pires effets politiques. »
Le Témoin jusqu'au bout. Une lecture de Victor Klemperer
Ariana Saenz Espinoza : Pourquoi avoir dédié un essai au journal de Klemperer ?
Georges Didi-Huberman : Au départ, j’avais pensé cet ouvrage comme le chapitre d’un futur livre en deux volumes sur la question des émotions, intitulé Faits d’affects. « Faits », comme des choses effectives, mais aussi au sens où nous sommes « faits d’affects. » Il était prévu comme un chapitre parmi d’autres, très hétéroclite, où l’on retrouve Clarice Lispector, Sv...
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