Si Antoine Emaz (né en 1955) est un poète dont l’importance est aujourd’hui reconnue, on peut dire que cette notoriété (à l’échelle de la poésie !) lui est venue sans qu’il s’en préoccupe. À la fois amical et à l’écart, ouvert aux tentatives contemporaines – qu’il soutient dans Poezibao – et obstiné dans sa démarche d’écriture, il s’est toujours tenu où, en apparence, il n’y a rien à signaler. Depuis près de trente ans, creusant son timbre-poste de réalité, il donne un autre sens à ce que signifie « être là ». Dans, parmi, contre. Sa bibliographie compte près de soixante-dix titres qui forment une œuvre compacte articulant poèmes, notes, réécritures et regroupements anthologiques.
Gérard Noiret : Ton premier livre, Poème de la terre, est sorti en 1986. Avec le recul, distingues-tu dans ton œuvre des lignes de force, des périodes distinctes ?
Antoine Emaz : Pas vraiment. Il y a eu par exemple en 2003 la décision de publier Lichen, lichen, donc d’autonomiser une forme d’écriture, celle du carnet, lorsque les poèmes se sont raréfiés. Mais cette pratique de la note a toujours été présente : dans En deçà, le poème « Mur, paroi » est déjà accompagné de son « Carnet du mur »… Plutôt que d’une...
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