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Les essais de la rentrée

Voici une sélection parmi les essais tout juste parus ou qui paraîtront dans les semaines qui viennent.
Voici une sélection parmi les essais tout juste parus ou qui paraîtront dans les semaines qui viennent.

HISTOIRE

Selon Marcel Otte, qui publie À l’aube spirituelle de l’humanité. Une nouvelle approche de la préhistoire (Odile Jacob), c’est la naissance de la pensée, de la culture, de la religion qu’il faut tenter de cerner pour comprendre comment l’homme est devenu l’homme.

Dans L’Ombre de Marcion. Le retour en grâce de l’intégrisme dans l’Église (Payot), Gérard Israël s’intéresse aux thèses de Marcion, le prince des hérétiques, et se demande ce que signifierait sa réhabilitation par l’Église aujourd’hui.

Dominique Barthélémy, auteur d’une Nouvelle histoire des Capétiens (987-1214) (Seuil), réforme la vision classique d’une société féodale éclatée et anarchique.

Avec Port-Royal (Flammarion), Laurence Plazenet propose une anthologie de textes d’auteurs célèbres comme de religieuses anonymes.

Dans Ces étrangers familiers. Musulmans en Europe (XVIe-XVIIIe siècles) (Payot), Lucette Valensi retrace l’histoire des musulmans qui ont sillonné le monde chrétien entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

Pierre Briant montre comment, à l’époque des Lumières et au début de l’ère contemporaine, la figure d’Alexandre sert toutes les causes (Alexandre des Lumières. Fragments d’histoire européenne, Gallimard).

Lauric Henneton fait paraître une Histoire religieuse des États-Unis (Flammarion), depuis la Réforme en Angleterre jusqu’au Président Obama.

Éric Hazan propose Une histoire de la Révolution française (La Fabrique), espérant faire « souffler un peu d’enthousiasme révolutionnaire » sur une époque qui y est d’après lui peu encline.

David van Reybrouck retrace l’histoire du Congo de la période précoloniale jusqu’aux années 2008-2009 (Congo, une histoire, Actes Sud).

À la fin des années 1920 naît la première organisation antiraciste française, la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), devenue aujourd’hui la LICRA (Emmanuel Debono, La LICA. Aux origines de l’antiracisme, CNRS).

Chez le même éditeur, Jacques Frémeaux livre une histoire des empires coloniaux à leur apogée, dans l’entre-deux-guerres (Les Empires coloniaux. Une histoire-monde).

Dans La Fin. Allemagne, 1944-1945 (Seuil), Ian Kershaw cherche à expliquer l’incroyable persistance du régime nazi au milieu des dé­combres.

Ray M. Douglas (Les Expulsés, Flammarion) décrit les expulsions de populations de langue allemande depuis l’Europe de l’Est vers l’Allemagne, qu’après la Seconde Guerre mondiale les Alliés ont autorisées et contribué à organiser.

Belin publie le récit autobiographique de Dimitri Vitkovski (1901-1966), Une vie au goulag, cité par Soljenitsyne dans L’Archipel du goulag.

Dans son Histoire sociale européenne. De 1945 à nos jours (Belin), Harmut Kaelble prend pour thème principal la résurgence de l’Europe pendant la guerre froide.

GÉOGRAPHIE

Jean-Paul Bord, dans L’Univers des cartes. La carte et la cartographie (Belin), reconsidère la carte, non comme un simple outil, mais comme un acte éminemment responsable.

Née au XVIe siècle, la notion de paysage est envisagée par Yves Luginbühl (La Mise en scène du monde. Construction du paysage européen, CNRS) au croisement de l’histoire, de la géographie et de l’aménagement du territoire.

ÉCONOMIE

René Passet propose, avec Les Grandes Représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire. De l’univers magique au tourbillon créateur… (Actes Sud), une histoire complète des théories économiques sous l’éclairage des grandes synthèses scientifiques et philosophiques qui les ont vues naître.

Paul Krugman (En finir avec la crise !, Flammarion) établit un diagnostic de la dépression actuelle et formule des propositions concrètes pour en sortir. Selon lui, l’État est le seul acteur capable de rompre le cercle vicieux de la crise.

Dans La Mondialisation de l’inégalité (Seuil), François Bourguignon se demande dans quelle mesure la mondialisation substitue à l’inégalité entre les pays un surcroît d’inégalité au sein même des espaces nationaux.

Le député René Dosière explique comment mettre en œuvre la transparence de la gestion publique (L’État au régime. Gaspiller moins pour dépenser mieux, Seuil).

DROIT

Mario Bettati propose, dans Le Droit international de l’environnement (Odile Jacob), la création d’une nouvelle qualification pénale, destinée à mieux protéger l’environnement : le crime d’« écocide ».

Pour Simone Goyard-Fabre, auteur de La Textualité du droit. Étude formelle et enquête transcendantale (Cerf), la textualité propre du droit n’est pas irréductible : elle n’est valide que si elle plonge ses racines dans la « philosophie première », qui lui donne son assise fondamentale.

POLITIQUE

L’ancien Premier ministre Édouard Balladur se réclame de Tocqueville et dénonce l’ultralibéralisme dans La liberté a-t-elle un avenir ? (Fayard).

Dans Les Gauches françaises. Histoire, politique et imaginaire (Flammarion), Jacques Julliard étudie l’évolution historique de la gauche depuis sa naissance au XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, à travers quelques temps forts. Le livre est complété par une anthologie de 150 textes, due à Jacques Julliard et Grégoire Franconie : La Gauche par les textes.

Hommage au penseur disparu il y a deux ans par ceux qui ont été ses interlocuteurs, Daniel Bensaïd, l’intempestif, sous la direction de François Sabado (La Découverte).

PHILOSOPHIE

Frédéric Gros montre que la sécurité, enjeu politique considérable aujourd’hui dans tous les États, est toujours une retenue de la catastrophe (Le Principe sécurité, Gallimard).

Dans Capabilités. Comment créer les conditions d’un monde plus juste ? (Climats), la philosophe américaine Martha Nussbaum examine dix « capabilités », c’est-à-dire les conditions préalables à l’exercice de dix droits fondamentaux de la personne.

La Culture de l’égoïsme. Christopher Lasch, Cornelius Castoriadis (Climats) est la transcription inédite d’un dialogue qui eut lieu sur une chaîne de télévision anglaise en 1986.

Dans Auschwitz, l’impossible regard (Seuil), Fabrice Midal passe en revue et critique les catégories usuelles d’analyse de la Shoah : banalité du mal, « rationalité » de l’extermination, eugénisme, etc.

S’entretenant avec Dan Arbib, Jean-Luc Marion évoque les grandes figures qu’il a rencontrées, décrit les étapes de son travail et de sa quête philosophique (La Rigueur des choses, Flammarion).

Vincent Carraud et Gilles Olivo présentent les Œuvres de jeunesse (1616-1631) de Descartes (PUF).

Husserl et la science des phénomènes (sous la direction de Laurent Perreau et Antoine Grandjean, CNRS) offre une introduction à la phénoménologie.

Ontologie. Herméneutique de la factivité (Gallimard) est un cours délivré en 1923 par Martin Heidegger, étape décisive sur le chemin qui l’a conduit à Être et Temps (1927).

L’Art médical et la Responsabilité humaine (Cerf) constitue la traduction de quatre chapitres d’un ouvrage publié par Hans Jonas en 1985 en Allemagne, appliquant à la médecine le « principe responsabilité ».

Aux éditions du Cerf, sous la direction de Claude Romano : Ludwig Wittgenstein. Ce volume s’efforce de rendre compte des différentes facettes de l’œuvre de Wittgenstein. Il comprend aussi bien des contributions inédites que des études déjà classiques.

Chez le même éditeur, Théologie négative du temps de Michael Theunissen (publié en allemand en 1991) réunit des essais principalement consacrés au temps et à la mélancolie.

Mark Hunyadi, dans L’Homme en contexte. Essai de philosophie morale (Cerf), nous soumet la question suivante : de Platon à Habermas, l’oubli du contexte, dans lequel chacun de nous est immergé, n’est-il pas aussi l’oubli de l’expérience morale, telle qu’elle est vécue par les acteurs eux-mêmes ?

Dans La Psychologie des philosophes. De Bergson à Vernant (PUF), Frédéric Fruteau de Laclos montre que de nombreux penseurs initialement formés à la philosophie ont apporté une contribution décisive à la psychologie.

À noter que se poursuit, au Cerf, l’édition des Œuvres philosophiques de Henri Maldiney, à l’occasion du centième anniversaire du philosophe : vont paraître Le Legs des choses dans l’œuvre de Francis Ponge ; L’Art, l’éclair de l’être ; Aîtres de la langue et demeures de la pensée.

Le même éditeur entreprend la traduction française de Ordre et Histoire d’Eric Voegelin en 5 tomes, dont le premier s’intitule : Israël et la Révélation.

ANTHROPOLOGIE

Les Presses universitaires de France publient une édition critique de Marcel Mauss, dirigée par Florence Weber. Cet ensemble de 9 volumes commence avec le célèbre Essai sur le don.

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE

Aubier publie les Lettres à ses enfants de Sigmund Freud, correspondance inédite (1907-1939) qui nous permet de découvrir quel père a été Freud.

Sophie de Mijolla-Mellor propose un Traité de la sublimation (PUF), où elle s’attache à rendre accessible une notion fondamentale de la psychanalyse.

Le psychiatre Jean Oury publie des entretiens accordés à Patrick Faugeras, sous le titre Préalables à toute clinique des psychoses (Érès).

Laurent Danon-Boileau, psychanalyste et linguiste, préconise une approche de l’autisme qui prenne en compte à la fois ce qui relève des difficultés de langage et ce qui est lié à des troubles plus profonds (Un nouveau regard sur l’autisme, Odile Jacob).

Tobie Nathan livre, avec Ethno-roman (Grasset), son autobiographie intellectuelle.

À la fois psychologue et Prix Nobel d’économie, Daniel Kahneman décrit les deux systèmes qui régissent notre façon de penser (Système 1 / Système 2. Les deux vitesses de la pensée, Flammarion).

SCIENCES

Dans Le Gène généreux. Pour un darwinisme coopératif (Seuil), titre qui fait allusion au « gène égoïste » de Richard Dawkins, Joan Roughgarden propose une autre approche, la « sélection sociale », qui met en avant la coopération entre les partenaires.

Dans Le Camion et la Poupée. L’homme et la femme ont-ils un cerveau différent ? (Flammarion), Jean-François Bouvet met en cause la notion de « sexe du cerveau » comme celle de « neurosexisme », en vogue depuis quelques années.

Christian de Duve (né en 1917) revient sur son parcours de grand biologiste qui lui a valu le prix Nobel de médecine (7 vies en 1. Mémoires scientifiques, Odile Jacob).

Appartient au même genre La Science des rêves. Mémoires d’un chercheur (Odile Jacob), où le neurobiologiste Michel Jouvet jette sur sa vie ce même regard qui lui a permis, notamment, d’identifier le « sommeil paradoxal » comme une clé physiologique du rêve.

ARTS

Edward Said analyse la façon dont les œuvres tardives de divers créateurs (musiciens, écrivains, etc.) diffèrent de leurs œuvres antérieures, et sont porteuses de contradictions insolubles (Du style tardif, Actes Sud).

Chagall (Gallimard) est une biographie où Jackie Wullschläger poursuit son sujet dans toutes les pérégrinations de sa vie.

Autre biographie, volumineuse, sous la plume de Steven Naifeh et Gregory Smith : Van Gogh (Flammarion).

MUSIQUE

Klaus Lang livre une enquête sur les rapports compliqués de deux grands chefs d’orchestre du XXe siècle : Celibidache et Furtwängler. Le Philharmonique de Berlin dans la tourmente de l’après-guerre (Buchet/Chastel).

ESSAIS LITTÉRAIRES

Shakespeare et le désordre du monde (Gallimard, textes édités par Dominique Goy-Blanquet) est un recueil posthume d’essais de Richard Marienstras (disparu en 2011) consacrés à la pensée de Shakespeare.

Autre recueil d’essais, sur un sujet qui traverse toute l’œuvre de Jean Starobinski, L’Encre de la mélancolie (Seuil).

Dans une étude issue d’une conférence au Collège de France, La Pietà Baudelaire (Belin), Michel Deguy donne sa lecture de Baudelaire et la confronte à celle d’autres auteurs : Sartre, Benveniste, Bonnefoy…

Dans la même collection (« L’extrême contemporain »), La Voix verticale. Essai sur la prosopopée, de Bruno Clément, traite en 5 grands chapitres de la prosopopée (procédé par lequel un écrivain prête la parole à des êtres inanimés, morts ou absents).

Léo Scheer (coll. « Variations ») propose Une littérature sans écrivains de Basile Panurgias : ce livre se présente comme un état des lieux mondial de la littérature à l’heure de sa dissolution dans le spectacle global.

Aux éditions Calmann-Lévy sort une biographie due à François Mathieu, Hermann Hesse. Poète ou rien.

ESSAIS DIVERS

Dans Pourquoi l’amour fait mal. L’expérience amoureuse de la modernité (Seuil), Eva Illouz, professeur de sociologie à Jérusalem, s’interroge sur la manière spécifiquement moderne d’aimer et de souffrir d’amour.

Yves Citton (Renverser l’insoutenable, Seuil) prend la mesure de ce qui (dans les domaines environnemental, éthique, social, médiatique et psychique) rend la situation actuelle invivable.

Chez le même éditeur, dans La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps, Myriam Revault d’Allonnes nous invite à reconsidérer la crise actuelle à partir du mouvement d’arrachement au passé qui caractérise notre époque. Les contributeurs de Paradoxes de la transgression (CNRS), sous la direction de Michel Hastings, Loïc Nicolas et Cédric Passard, s’attachent à définir cette notion de « transgression » qui envahit autant l’actualité que les sciences humaines.

Thierry Laisney

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