La Pravda du 10 février 1948 publie au nom du Comité central (qui n’a pas été réuni pour l’occasion et que d’ailleurs Staline ne réunissait quasiment plus) un décret prononçant une condamnation brutale des musiciens soviétiques Chostakovitch, Prokofiev, Khatchatourian et Miaskovski accusés de « formalisme ». Ces musiciens, affirme le décret dans une langue de bois policière, « font fi des goûts artistiques et des demandes des peuples de l’URSS (…) rejetant la fonction sociale de la musique, se contente[nt] de pourvoir aux goûts dégénérés d’une poignée d’individualistes esthétisants ».
Scandale musical à Moscou
Alexander Werth qui publie de longs extraits de ce décret le commente de façon assez étrange, tout en soulignant que Jdanov a « forcé le trait et déformé grossièrement la réalité » il affirme néanmoins : « Tel était bien le nœud de l’affaire : une musique pour les happy few ou une musique pour les masses ? » Vraiment le souci de Staline et de Jdanov était-il donc de pourvoir aux besoins artistiques des masses, du peuple ? Si cela était vrai de la musique, cela l’était autant de la littérature ou de la peinture ?
La piété filiale produit parfois des...
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