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Édito

Où prend racine l’idéal collectif et individuel de transparence ? Quels éprouvés, quelles qualités d’expérience la recherche de son accomplissement tente-t-elle d’effacer ? Le 16 novembre ...

Où prend racine l’idéal collectif et individuel de transparence ? Quels éprouvés, quelles qualités d’expérience la recherche de son accomplissement tente-t-elle d’effacer ? Le 16 novembre 2018, un colloque de l’université Paris-XIII s’attelait à la question de la transparence comme « idéal contemporain » (« La transparence : un idéal contemporain ? », organisé par Jean-François Chiantaretto, Georges Gaillard et Jean-Pierre Pinel). L’actualité littéraire, poétique et politique des derniers mois ouvre également des perspectives. Tentons de nous y appuyer pour cerner certains ressorts de cet idéal et de ses excès. Au fil des contributions de ce dossier et en contrepoint de l’injonction à rendre tout visible, le clair-obscur, l’intimité, l’angle mort, l’ombre ou la disparition se glissent sous la plume des auteurs. Ils en décrivent les incontournables manifestations inquiétantes mais aussi la potentielle fécondité. Plus encore, ils nous invitent à penser le paradoxe d’un malaise actuel : valoriser la visibilité tout en souscrivant à une exigence de transparence… À vouloir bannir l’ambiguïté, la complexité et l’incertitude, ne serait-ce pas notre créativité, souvent faite de tâtonnements énigmatiques et artisanaux, qui risque de payer le plus cher tribut ?

Ces textes en forme de variations tantôt cliniques, littéraires, politiques, philosophiques et poétiques éclairent chacun à leur manière les formes contemporaines de l’excès de transparence. Peut-être y trouverons-nous des espaces non saturés par la lumière des projecteurs, mais plutôt « de petites lumières qui éclairent par le trouble qu’elles suscitent », selon la formule de Jean-Bertrand Pontalis, pour offrir aux pénombres de l’âme une hospitalité salvatrice.

Dominique Mazéas

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