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Dans la rencontre clinique, les instants de grâce, de poésie, d’humour, sont autant de petites lumières et de respirations dans une pratique du soin psychique souvent malmenée. Nous avons proposé à des cliniciens de partager le vivant de ces instants, leurs lucioles.

Regards (suite)

Jules voit mal, il a aussi grandi avec la peur de regarder. Et puis, à 10 ans, Jules pense un peu comme on rêve, mais son visage s’illumine quand il peut ne plus être seul avec ses pensées. Alors, pour le rejoindre, lui, – et ses mille questions –, il faut prendre le temps… humer l’air ambiant, palper les couleurs et laisser se dessiner dans nos pensées familières des perspectives qui changent la vue…

Jules (catégorique) : Quand on est mort, on ne bouge plus… (Puis un peu hésitant.) Parfois, quand on dort, on n’entend pas la respiration… J’aime bien écouter le bruit des bêtes la nuit ! Et puis les oiseaux, c’est pour le matin. Les bêtes disent : « Allez, levez-vous maintenant, il fait chaud, on peut marcher ! » Chaque bête a sa langue… Le loup dit : « Ouhouh, je suis là, ma tatie ! », il peut dire ça, n’est-ce pas ?

(D’un signe de tête enthousiaste, sa thérapeute acquiesce.)

Jules : Le chien-loup peut appeler : « Eh ! Viens chez moi ! » ou bien « Est-ce qu’il y a quelqu’un ? » Chaque bête a sa langue et les humains aussi… En Italie, ils font des r qui roulent, et leur peau est un peu foncée… En Turquie, il y a un peu d’Africains… Est-ce qu’il y a un peu de Turcs en Afrique ? (Puis soudainement très concentré.) Sais-tu si un Africain qui apprend le chinois a les yeux qui deviennent bridés ?

Dominique Mazéas

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