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Édito

La nature a toujours été une source fertile d’inspiration pour les écrivains. En France, sa représentation a évolué à partir des années 1980. Les formes et les significations traditionnelles ont...

La nature a toujours été une source fertile d’inspiration pour les écrivains. En France, sa représentation a évolué à partir des années 1980. Les formes et les significations traditionnelles ont laissé place à un regard nouveau sur le rapport qui lie les humains aux espèces animales et végétales. Il existe une littérature écologique qui n’est pas nécessairement écologiste. Quelles en sont les méthodes, l’histoire et les enjeux ? Sara Buekens en donne une analyse très nourrie dans l’article qui introduit le dossier de ce mois. Ces questions sont abordées également par l’universitaire Michel Collot dans un essai fraîchement paru chez l’éditeur José Corti, Un nouveau sentiment de la nature. L’auteur constate la résurgence d’une vision mystique, animiste, de la nature sauvage, dont la pensée écologique contemporaine renouvellerait la sacralisation telle qu’elle était à l’œuvre sous la plume des romantiques (Nerval, Vigny, Lamartine…). Mais bien au-delà, le souci de la crise écologique nourrit aujourd’hui une littérature très inspirée, peuplée de guetteurs, de veilleurs, d’éclaireurs. Deux livres, celui de Philippe Ségur, La nuit nous sauvera, et celui d’Antoine Desjardins, Indice des feux, comptent parmi les plus fascinants sur ce thème…

Le sujet écologique s’est également invité dans les arts de la scène. Le temps est à la gravité. Dans le spectacle vivant, on cherche à s’écarter de l’anthropocentrisme. Il y a un nouveau sérieux, il faut de nouvelles formes, hybrides, qui font dialoguer les éléments de la nature, non plus le drame bien fait, mais la succession de séquences, le dialogue avec des formes non humaines. On observe un nombre croissant de spectacles qui donnent leur place aux animaux vivants, refusent la notion de personnage. Ce ne sont plus des acteurs, des comédiens, mais des « figures » : la scène est une page blanche où vient s’écrire le spectacle dans le temps réel, une expérience vivante entre des figures humaines et non humaines. On fonde la valeur intrinsèque du vivant sur le fait qu’il a des intérêts propres. C’est une autre manière de raconter des histoires…

Patricia De Pas

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