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Henri Thomas

Article publié dans le n°1094 (01 déc. 2013) de Quinzaines

Non, Henri Thomas, poète et romancier singulier (1912-1993) n’est pas oublié. Depuis Lausanne, la Revue de Belles-Lettres lui consacre un superbe numéro, paru en septembre, riche d’inéd...

Non, Henri Thomas, poète et romancier singulier (1912-1993) n’est pas oublié. Depuis Lausanne, la Revue de Belles-Lettres lui consacre un superbe numéro, paru en septembre, riche d’inédits, de lettres et de témoignages. Né dans un petit village des Vosges d’un paysan et d’une institutrice, il tenta sa chance à Paris, reçut le soutien d’André Gide, puis de Gallimard et de Paulhan, se lia d’amitié avec Artaud, se tenant à la fois à proximité de Paris et du monde des lettres, et à l’écart : à Londres, aux États-Unis, en Corse, et sur l’île d’Houat, en Bretagne. Ses poèmes (« Le cœur singulier, les nerfs / qui s’accrochent n’importe où / la parole aux bijoux clairs / qui ne valent pas deux sous »), ses nombreux romans trouvèrent des lecteurs et en trouvent encore : Le Seau à charbon, La Nuit de Londres, John Perkins (qui rata le Goncourt et obtint le Médicis), Le Parjure (en partie une transposition de la vie de Paul de Man), Le Promontoire (prix Fémina), La Relique, et bien d’autres. Et ses traductions, de Jünger, Melville, Nietzsche, Pouchkine, Shakespeare, ses articles ou études critiques… Il est rassurant que cet écrivain « inapparent » (l’épithète est de Jaccottet), vagabond par essence, à l’intelligence et à la sensibilité aiguës, continue à être disponible, et apprécié.

Pierre Pachet

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