Serge Martin et Serge Ritman ont longtemps lutté l'un contre l'autre, dans un combat qui laissait peu de place au lecteur. Le premier, qui enseigne la littérature contemporaine à Paris-III, est un spécialiste de la poétique de la relation. Il a signé des ouvrages didactiques et de nombreux essais consacrés à des poètes (Francis Ponge, Bernard Noël, Bernard Vargaftig), des linguistes (Benveniste) et à ce penseur du langage que fut Meschonnic. Le second a publié, depuis 1996, treize livres de poèmes, et dirige avec Laurent Mourey et Philippe Païni la revue Résonnance générale. Pendant longtemps, le premier à neutralisé le second, l'obligeant à toujours se justifier, puis celui-ci s'est libéré de toute emprise. Dans le présent livre, le concept n'a pas disparu mais il est passé au second plan: il ne fait plus obstacle, il nourrit, il diversifie. Le lecteur peut être d'abord sensible au souffle, à l'emportement, à une certaine ivresse de la parole.
Gérard Noiret : Avec Tu pars, je vacille, j’ai eu l’impression d’être emporté. Es-tu d’accord avec l’idée que quelque chose s’est ouvert dans ton écriture ?
Serge Ritman : Avec ce livre, j’ai vraiment senti un jaillissement. Il n’efface certainement pas les autres mais, depuis Rossignols & rouges-gorges, le geste vocal s’est amplifié, démultiplié. Disons que je m’essayais trop au cent mètres et que me voilà devenu marathonien ! L’écriture ne faisait que s’exercer en donnant des coups comme un boxeur débutant mai...
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