L’éventail, ensemble mobile de plis, apparaît dans le dernier ouvrage de Peyré unissant « Mallarmé ou la physique du livre : pli selon pli » et « Michaux ou l’approche mystique : la vie dans les plis ». La somme de ces plis ouvrant à l’œuvre : « Ce pli de sombre dentelle qui retient l’infini, tissé par mille, chacun selon le fil ou prolongement ignoré son secret, ensemble des entrelacs distants où dort un luxe à inventorier, stryge, nœud, feuillages et présenter. » Comme écrivait Mallarmé.
L’empan est une mesure donnée par la main et aussi le travail du tissu. Lire l’architecture, la poésie, la peinture c’est suivre des « entrelacs distants ». Pour, à la fin, « présenter ». Yves Peyré suit les images peintes par Fautrier pour s’entrelacer avec Dante. Chez ce « terrassier du dedans », il note que « le mot Enfer fut le pivot de tous les désirs ». Il s’y agrippe quand il le rencontre, fût-ce dans la venelle joignant, sans y paraître, la rue Campagne-Première au boulevard Raspail, le Passage d’Enfer.
Et, sensible aussi à toutes les ambivalences de l’Enfer auxquelles est attaché Baudelaire dans le dédoublement de la femme en beauté et en charogne.
Chez Fautrier, comme chez Baudelaire, se rencontrent, se confondent des plis que le peintre enterre et déterre : paysages, objets, tout ce qui est nommé « otages », et nus. La Femme, « dans le frôlement de sa mort argumentant avec la soif de son désir, est omniprésente. D’une ambiguïté, que le commentaire écrit peut rendre évidente : « La femme tenue dans son épaisseur et la beauté excédante de sa blessure. »
Rimbaud lui offre le mot « Enfer ». Fautrier y trouve l’illumination de sa propre vie.
Sa recherche de l’absolu lui fait accepter l’offre de Malraux de réaliser, dans une collection dont Gallimard lui a confié la charge, un dialogue avec l’Enfer de Dante.
Fautrier compose un dialogue avec les 34 chants du poème. Il passe de l’eau-forte à la lithographie. Un « magma », juge Gallimard insensible aux opacités, aux violences de ces œuvres. Le livre n’a donc pas été réalisé. Le dialogue n’a pas eu lieu. Restent, reproduites ici au mieux, les 34 planches. Presque toutes appartiennent à la famille de Malraux.
Nous les avons sous les yeux. Outre la documentation et les analyses d’Yves Peyré, un autre pli, sa réponse, en poète, aux Port-Cros de Fautrier :
« Dans le vent (…)
parfois,
tout est plus sombre et s’éprend du pire,
l’impénétrable oscille. »
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