Dans The Translation Zone, paru aux États-Unis il y a quelques années, Emily Apter part de l’hypothèse que la guerre (et notamment la « guerre contre le terrorisme », war on terror) est le résultat d’une « métraduction » (mistranslation). Elle propose que l’étude de la littérature ne relève pas tant d’univers nationaux que de ce qu’elle appelle la « zone », en reprenant le mot qui donne son titre au célèbre poème « Zone » (1912) d’Apollinaire : un territoire psychogéographique identifié comme celui de la périphérie de Paris où la bohème, les migrants et autres marginaux convergent.
Depuis longtemps, ce territoire n’est plus lui-même marginal : il est partout, il croît, et c’est pour cette raison même que les policies et les polices traquent de plus en plus les figures de cette « zone ».
C’est là un des « avoir lieux » de la littérature : Emily Apter étend cette zone apollinarienne au-delà de sa stricte notion spatiale pour valoriser par extension tout ce qui est dans l’« entre », contre tous les phénomènes actuels de traçage, de marquage, de stigmatisation, de séparation, bref de résistance ou d’oppositio...
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