Politiques de la calomnie

 « Jadis l’Égypte eut moins de sauterelles », écrivait Voltaire pour dénoncer la prolifération des « Rousseau du ruisseau », ces enfants de la République des Lettres qui avaient cru en l’idéologie des « talents », et qui, faute de place et de reconnaissance, alimentèrent au Siècle des Lumières les canaux d’une littérature clandestine, souvent obscène et subversive. Comme les sauterelles, cette bohème littéraire pouvait tout ravager sur son passage, surtout quand elle s’adonnait à l’art féroce de la calomnie. Ces « basses » Lumières constituent le terrain de réflexion privilégié de l’historien américain Robert Darnton, attentif aux formes de la communication comme à la constitution de l’opinion publique.
Robert Darnton
Le diable dans un bénitier. L'art de la calomnie en France, 1650-1800

Depuis les années 1960, les historiens du livre et des pratiques culturelles au Siècle des Lumières ont cherché à répondre à un chapelet de questions, afin de mieux comprendre, à l’origine, comment les idéaux réformateurs et révolutionnaires avaient pu prendre racine et se diffuser. Que lisait-on dans le vieux royaume des rois Bourbons, voire au-delà en Europe ? Comment s’organisait la production des imprimés et comment les autorités avaient-elles cherché à contrôler, à endiguer cette « fureur de lire » évoquée par Louis Sébastien Mercier en maints passages de son Tableau de Paris

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