Thomas Harlan, un cinéaste, un romancier, un poète d’Allemagne

Thomas Harlan est mort ce 16 octobre dernier. Ses cendres ont été déposées au Père-Lachaise. Il laisse trois films, quatre romans crépusculaires et nombre d’autres projets non réalisés : autant d’œuvres et de traces d’une tentative éperdue d’écrire, de réécrire, de conjurer jusque dans la réalité l’héritage d’une histoire venue d’Allemagne. L’histoire du nazisme et l’histoire d’un père aimé, Veit Harlan, réalisateur du Juif Süss, dont la filiation, subitement, en 1945, s’est révélée impossible. L’ampleur de la tâche a exigé de faire se fondre œuvre et vie, fiction et réalité. Ses œuvres sont entrées dans la vie comme des bombes, pour être, aussitôt, désamorcées : ses films ont à peine été montrés. En France, où il a longtemps vécu, on ne connaît guère de lui que le documentaire polémique Notre nazi que lui a consacré Robert Kramer et un titre, celui du film de son père.

Thomas Harlan, c’est une vie, discontinue et romanesque, qui se construit au long de voyages, au gré de rencontres, d’amitiés nouées puis rompues ou interrompues (Klaus Kinski, Gilles Deleuze, Pierre Boulez, Robert Kramer, Giangiacomo Feltrinelli) et surtout d’engagements politiques : en RDA, aux côtés de dissidents, en Italie, auprès de Lotta Continua ; au Portugal, dans la Révolution des Œillets ; au Chili, dans la résistance contre Pinochet. Au fil de ce parcours erratique s’est élaborée une œuvre tout aussi erratique, qui ne trace aucune ligne mais laisse émerger, ici et là,...

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