De Roberto Arlt, décédé en 1942, dont les traducteurs des Sept fous avouent lors de la première édition (1981) que pour le traduire, pour traduire cette prose sauvage, qui échappe à toute contrainte stylistique, il leur a fallu aimer et haïr la langue traduisante, aimer et haïr la langue à traduire (ce qui est la condition sine qua non de toute bonne traduction, qui cherche en tâtonnant le chemin d’avant Babel), Roberto Bolaño écrit ceci : « Considérée en tant qu’armoire ou souterrain, la littérature d’Arlt convient. Considérée comme salon de la maison, c’est une plaisanterie macabre. Considérée comme cuisine, elle nous promet un empoisonnement. Considérée comme salle de bains, elle finira par nous refiler la gale. Considérée comme bibliothèque, c’est une garantie de destruction de la littérature. »
On peut penser que Roberto Bolaño, tiraillé comme tout écrivain de ce continent entre son admiration pour Arlt et celle pour Borges, son exact opposé, qui est, lui, dans l’empyrée de la littérature, exagère un tantinet. L’œuvre d’Arlt est maintenant dans la bibliothèque universelle (même si cet écrivain fut inconnu ou rejeté de son vivant et qu’il ait fallu attendre un demi-siècle pour que le public français ait accès à son œuvre), cet édifice impalpable et mouvant qui, selon les critères de rentabilité et d’efficacité de l’époque, pèse moins qu’une ombre. Il n’y aura pas eu de destructi...
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