Y a-t-il une « anticipation non étiquetée SF » ? Pour certains, si c’est de l’anticipation, c’est forcément de la SF, voilà l’axiome. Et si ce n’en est pas, ou si cela le refuse, c’est à cause du déni douteux d’un « mauvais genre » : voilà le corollaire. Ce débat complexe peut être posément argumenté (préface de Klein à l’ "Unica" de Fontenaille), ou plus expéditif (sur "Globalia" de Rufin : « on s’en bat la nouille de savoir si c’est de la SF ou pas, peut être de l’anticipation ça sera plus simple » [sic]). Cette simplicité désirée sera notre choix : le paysage éditorial français reste relativement clair en termes d’étiquetage SF/ non-SF, à quelques éditeurs près qui mêlent savamment les genres (Denoël, Au Diable Vauvert, par exemple); dans ce paysage, des romans à composante anticipatrice sont publiés dans « La Blanche » ou « La Noire » de Gallimard, au « Carré rouge » ou dans « Fiction & Cie » du Seuil, chez Stock, Flammarion, Albin Michel ou Buchet/Chastel, pour ne citer que quelques-uns.
Rufin et Fontenaille en sont d’ailleurs deux cas exemplaires, tant en termes thématiques que techniques. Le premier, avec Globalia (Gallimard, 2004), a produit l’une de ces dystopies du futur proche, parfois étiquetées politique-fictions, sous lesquelles pourrait se ranger une large part de ces romans (Quiriny, Terence, Capron, Berton, Bueno). Ils engagent souvent : une réception majoritairement intéressée au débat d’idées ; un recours peu ingénieux aux explicitations des ressorts de l’anticipation (qu’avec Richard Saint-Gelais on appellera la stratégie didactiqu...
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