Anticipation et Science-Fiction. L'homme qui en savait trop

Nous sommes en l’an de grâce 1974. Le 20 février. Alleluia, alléluia. À quarante-six ans, après avoir consommé des amphétamines et de la viande pour animaux pendant des années, l’auteur américain de science-fiction, Philip Kindred Dick, est sur le point d’avoir une révélation. Pas encore remis d’une lourde opération odontologique, K. Dick ouvre la porte de son appartement de Fullerton, en Californie, et découvre une fille aux cheveux sombres. Survivant du naufrage de nombreux mariages, divorcé en série, K. Dick a toujours aimé les brunes et sourit avec le faible potentiel que lui offrent ses gencives endolories, puis regarde le collier de la fille : un pendentif en forme de poisson, symbole des premiers chrétiens. Il brille. K. Dick a l’impression qu’il fut et qu’il n’est plus. Notre monde « réel » disparaît pour révéler la vérité derrière notre façade : nous sommes encore en 1970 apr. J.-C., tout le reste n’est qu’une illusion et cette fille une chrétienne gnostique et rebelle qui vient lui communiquer un message urgent : « La révolte est en marche. » Rien ne sera plus comme avant pour l’écrivain de science-fiction Philip Kindred Dick. La vérité est là.

Philip K. Dick – PKD à compter de maintenant – peut être considéré de diverses manières. Pour beaucoup, il a été et reste l’un des plus grands écrivains de science-fiction de tous les temps, le « Borges américain », le « Charlie Parker du genre », le « Thomas Pynchon de la classe des travailleurs », etc. Pour beaucoup – dont plusieurs collègues dans la tâche qui consiste à décrire des fusées et des robots –, PKD n’était qu’un immense paranoïaque accro aux amphétamines avec des délires messianiques et une propension inquiétante à faire le ridicule en public. Pour beaucoup – surtout les Fr...

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