L’histoire, c’est aussi celle des vaincus

Le nouveau livre d’Enzo Traverso s’ouvre sur un constat : l’effondrement en 1989 du mur de Berlin, et par là des utopies révolutionnaires ayant cherché à changer la vie, a brisé net la dialectique qui articulait passé et futur dans le cadre de la philosophie marxiste de l’histoire. Les mouvements qui s’emploient à lutter contre la domination doivent dès lors sortir d’une vision téléologique de l’histoire portant en elle les promesses d’un avenir nécessairement radieux pour se ressourcer à cette tradition mélancolique qui travaille la culture de gauche depuis son origine.
Enzo Traverso
Mélancolie de gauche. La force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle)

Alors qu'il avait figuré au début du XXe siècle le projet d'une société libérée de la misère, le communisme en est sorti sous le visage inverse de l'aliénation, comme si était accréditée par là l'idée que tout désir d'émancipation radicale devait immanquablement se renverser en son contraire et déboucher sur la tyrannie. De ce fait, comme le note Enzo Traverso, l'histoire des révolutions a fini, sous la houlette notamment de l'historien François Furet, par être assimilée à l'histoire de l'oppression, l'idée même de révolution n'étant désormais pensable qu'à travers la catégori...

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