A lire aussi

L'hommage au carré de Joseph Albers

À Beaubourg, la Galerie d’art graphique est un lieu de jouissance et de réflexion. On s’y bouscule rarement. Même pour déchiffrer les écritures-figures de Christian Dotremont, la saison dernière, et, celle-ci, la suite de couleurs dont Joseph Albers fit rayonner la lumière sur toutes sortes de papiers, toutes sortes de médiums.

EXPOSITION
JOSEPH ALBERS EN AMÉRIQUE
Peintures sur papier
6 février – 30 avril 2012
Galerie d’art graphique du Centre Pompidou
Catalogue collectif, relié, illustré à la perfection
Textes en allemand et en anglais. Un encart en
donne la traduction en français.
Éd. Hatje Cantz/Centre Pompidou, 192 p., 39,80 €

À Beaubourg, la Galerie d’art graphique est un lieu de jouissance et de réflexion. On s’y bouscule rarement. Même pour déchiffrer les écritures-figures de Christian Dotremont, la saison dernière, et, celle-ci, la suite de couleurs dont Joseph Albers fit rayonner la lumière sur toutes sortes de papiers, toutes sortes de médiums.

Joseph Albers est né en Westphalie en 1888, dans une petite ville plus tournée vers l’artisanat que vers l’art. Mais l’exécution minutieuse des objets, l’attention aux matières, bois ou verre, le regard porté sur l’architecture, de quoi être attiré par le Bauhaus. À partir de 1920, il y sera étudiant, maître, directeur de programmes. En 1933, il quitte l’Allemagne pour l’Amérique où il sera naturalisé et mourra en 1976. Joseph Albers a enseigné au Black Mountain College, centre ouvert d’expérimentations inventives.

Cependant il voyage. Il est attiré par le Mexique : les couleurs du pays, du ciel et des terres qui peuvent être celles des maisons, le rouge ou le bleu, et l’architecture précolombienne s’élevant, apparemment, sur elle seule, sur les rapports de formes. Albers transpose en surfaces colorées le jeu des plans de la pyramide Tenayuca. Les formes l’emporteront toujours sur une conception de la peinture comme expression de soi. Cézanne lui avait montré la voie d’un art fondé sur un ensemble de rapports de taches, de couleurs, et d’un format.

Dans quel espace le peintre agira-t-il ? En 1950, il en trouve la forme. Il y restera attaché : le Square, le Carré. À l’exposition se déroule une suite d’Homages to the square : œuvres achevées, premières, dernières esquisses, points de repère pour les couleurs à retenir.

En 1963, Albers publie Interaction of Colour. On s’arrête à ses rencontres. Dont le peintre écrivait : « Renoncer à donner la préférence à l’harmonie, c’est admettre que la dissonance est aussi désirable que la connaissance. »

Les études, les bords tremblés à la limite – non-frontière des plages chromatiques –, les rencontres neuves de couleurs, autant de voies vers le désirable.

On s’attardera au Cabinet d’art graphique.

Georges Raillard

Vous aimerez aussi