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L'inquiétude des migrants

 Né à Rose-Hill, en l’île Maurice, Jean Fanchette (1932-1992) arrive à Paris à l’âge de 19 ans pour y faire ses études. Il y restera. Dans la préface de ce volume, J. M. G. Le Clézio éclaire ainsi la parole du poète : « Jean Fanchette n’avait rien d’autre à partager que l’inquiétude des errants. » C’est l’errance des migrants, un aller et retour entre deux pays, celui où l’on est né et celui où l’on vit. De quoi est faite cette inquiétude ? Le titre de ce recueil, qui rassemble un choix de textes écrits entre 1954 et 1991 établi par l’auteur, pourrait répondre à cette interrogation : L’Île Équinoxe. L’inquiétude des migrants serait ainsi solitaire, et, à part égale, composée de jour comme de nuit. 
Jean Fanchette
L'île équinoxe. Poèmes 1954-1991

Là-bas


Là-bas, il est toujours midi, l’heure la plus brillante, la part solaire du jour. Un outre-mer, un bleu de bleu, soleils et cigales « disséquant le silence ». L’Île Maurice. C’est le midi de la langue, son incandescence, ses « midis de sang ». Car là-bas, le soleil existe vraiment. « Je n’ai rien renié de ma part de lumière », et c’est elle qui façonne ce paysage-là, du lieu qu’on a quitté, où le poète retourne, lui de si loin revenu par la mer et qui espère à chaque fois que les navires du ...

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