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Rauschenberg photographe

Du célèbre artiste américain (1923-2008) par qui l’art moderne est passé, à la biennale de Venise en 1964, de Paris à New York, l’œuvre de photographe est beaucoup moins connue que ses célèbres Combines.
Robert Rauschenberg
Photographies 1949-1962
Du célèbre artiste américain (1923-2008) par qui l’art moderne est passé, à la biennale de Venise en 1964, de Paris à New York, l’œuvre de photographe est beaucoup moins connue que ses célèbres Combines.

Quatorze expositions de photos seulement à ce jour. Le présent ouvrage réunit des photographies de 1949 à 1962. C’était déjà les dates retenues pour l’exposition du Centre Georges-Pompidou en 1981. Rauschenberg écrivait en exergue : « L’intérêt que je portais à la photographie en 1949 venait d’un conflit, en moi, entre la curiosité et la timidité. L’appareil photo était mon rempart. » Et dans un entretien avec Alain Sayag : « Cela m’a donné un plus grand désir de voir. L’attention perpétuelle aux modifications de lumières et d’ombres aiguise non seulement le regard, mais joue aussi le rôle d’un catalyseur grâce auquel les projets artistiques se mettent à bouger et à se développer. Henri Cartier-Bresson disait modestement que son appareil lui servait d’excuse pour regarder le monde. »

Le nom d’Henri Cartier-Bresson évoque ce que le grand photographe français disait de son geste : l’activité du doigt dans la prise de vue. On en trouve l’écho dans les remarques faites par le préfacier de ce livre, dans son chapitre « des horloges à voir ». Citant le Roland Barthes de la Chambre claire, Nicholas Cullinan note : « Pour moi, l’organe du photographe ce n’est pas l’œil (il me terrifie), c’est le doigt. Ce qui est lié au déclic de l’objectif. » (Passons sur l’impropriété du terme.)

Cet ouvrage riche parcourt l’itinéraire de photographe de Rauschenberg. De l’objet vu à l’objet rencontré. Du travail commun avec Cy Twombly, avec John Cage, avec Merce Cunnigham, à leurs portraits à l’atelier ou au studio.

Les photographies sont belles, inquiétantes, ouvertes comme l’est Cy + Relics, de 1952.

Un très beau livre, de très belles photos : la diversité des choses vues et leur accomplissement dans l’imaginaire du regard, le pouvoir d’assemblage et de découverte de la main fouilleuse.

Georges Raillard