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« Rien n’est plus libre qu’une femme »

Parmi les très nombreux entretiens accordés par Duras entre 1962 et 1991 à la presse, la radio ou la télévision, Sophie Bogaert a privilégié pour cette édition ceux qui concernent l’œuvre – et apportent des éclairages intéressants sur des parutions particulières –, la création en général, l’écriture, les mérites respectifs du roman, du cinéma et du théâtre. Très vivant, très varié aussi (mais, pour les besoins du présent dossier, nous allons nous concentrer sur la question des femmes), l’ensemble organise de passionnantes retrouvailles avec la voix et les fameux silences de Duras, sur des thèmes très divers – comme on peut en juger grâce à un index – parmi lesquels son rejet iconoclaste de la culture dans les années soixante-dix, son choix d’une « écriture courante » ou sa vision des écrivains en « mutilés de l’ombre interne ». On y reconnaît Duras telle qu’en elle-même, Duras qui s’impose et pourtant, comme le souligne Sophie Bogaert, Duras qui se nie, dévorée par son personnage d’écrivain, Duras provocatrice, assertorique, directe, franche, elliptique, avec ses zones de pudeur. En un mot, Duras libre. « Je ne suis pas féministe. Je ne crois pas au féminisme. Je crois que le seul féminisme valable, il n’est pas militant. C’est de laisser les femmes à elles-mêmes, libres. » (1982, à Susan Cohen) 
Marguerite Duras
Le dernier des métiers. Entretiens 1962-1991
(Seuil)

Les mères


Dans la vie, comme dans l’œuvre, comme dans ces entretiens, tout commence avec l’enfance. Les premiers textes de Duras ont été écrits pour liquider « une sorte de règlement de comptes » avec sa jeunesse et « l’horreur de l’enfance » : Les Impudents durant la guerre ; puis Un barrage contre le Pacifique, dont elle dit en 1962 : « si j’avais pas écrit le Barrage, étant donné ce que ma mère avait souffert à cause de cette histoire, je n’aurais jamais […] pu continuer à écrire » ; puis Le Ma...

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