« Si vous avez compris ce que j’ai dit, c’est que je me suis mal exprimé » : cette boutade d’Alan Greenspan est, pour paraphraser Kant, révélatrice d’un ton grand seigneur adopté naguère en économie. Naguère, mais pas jadis, puisque c’était hier, avant la crise qui a défrayé la chronique, comme si la faille de la mécanique financière signait aussi la faillite d’un certain type de discours empreint de suffisance. Le retournement de conjoncture n’est pas le simple éclatement d’une « bulle » (terme consacré), car il fait également voler en éclats des schémas de pensée dissimulés sous une rhétorique absconse.
Pourquoi les crises reviennent toujours
(
Seuil)
La prospérité du vice : une introduction (inquiète) à l'économie
(
Albin Michel)
Ce n’est plus, dès lors, l’affrontement entre keynésiens et monétaristes qui préside aux grands clivages théoriques, mais plutôt le partage entre le compréhensible et l’indéchiffrable. Le risque serait, toutefois, qu’en descendant de l’empyrée des experts pour rejoindre l’arène médiatique, des notions techniques (subprimes, titrisation…) ne marquent guère un progrès dans la prise de conscience de l’opinion. Celle-ci se bornerait, en effet, à répéter, sans disposer d’instruments pour interpréter. C’est contre un tel danger que deux ouvrages peuvent nous prémunir.
Deux grands espri...
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