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Une autre éternité

Au moment de présenter le « motif fondamental » de son ouvrage, la domination du temps, Michael Theunissen dit qu’il repose sur « une hypothèse toute simple ». C’est à la fois exact et inexact. Si le lecteur devine d’emblée de quoi il est question ici, de quelle expérience commune il s’agit – l’ennui, la mélancolie, le deuil –, la pensée de Michael Theunissen est impressionnante de force et de complexité. Le titre même de ce recueil de textes appelle une lecture attentive : la « théologie négative » du temps doit conduire à supposer, au sein du temps même, quelque chose qui transcende le temps, qui lutte et crée avec lui. Une éternité, mais d’un autre type.
Michael Theunissen
Théologie négative du temps
(Cerf)

Pour Michael Theunissen – philosophe allemand né en 1932, ancien professeur à Berlin, après Berne et Heidelberg –, la philosophie, dans son allure métaphysicienne, est aujourd’hui une discipline « précaire », qui doit renoncer à certaines prétentions, sans perdre ses ambitions spécifiques. S’inspirant simultanément de l’exemple de Hegel et de Marx, elle doit à la fois poursuivre la réflexion sur sa propre histoire, ne pas renoncer à porter un jugement critique (un « diagnostic ») sur le monde moderne, et s’appuyer sur les disciplines scientifiques, en l’espèce la psyc...

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