Barbey d’Aurevilly ne serait pas content. Pas du tout. Rendant compte d’une édition qui est, à certains égards, l’un des ancêtres de celle-ci, les Œuvres poétiques d’André de Chénier publiées en 1874 par Gabriel de Chénier, il tempêtait contre la décision de récupérer tout ce que le poète a laissé, d’imprimer les moindres fragments de ses vers, de tenter de déchiffrer ses ratures, de respecter avec un scrupule qu’il qualifie de « superstitieux » la ponctuation. Il imaginait d’accompagner le volume d’une indication pour le lecteur – « collationné par le bonhomme Job » – tant le travail effectué avait été patient, minutieux et microscopique.
Œuvres poétiques, tome II. Bucoliques. Epîtres et poétiques. L’Invention.
Il posait en creux une question importante : un écrivain est-il grandi ou diminué par la connaissance que l’on peut avoir des étapes par lesquelles est passée sa création, par l’étude de ses brouillons et esquisses, ébauches dont il aurait, selon toute probabilité, refusé la publication en l’état. Pour Barbey d’Aurevilly, la réponse était claire : « Toutes les cuisines sont laides à voir, même celles du génie. On ouvre en vain la poule aux œufs d’or, on n’apprend pas comment se forment ces œufs d’or, dans le mystère de ses entrailles ! »
L’édition contemporaine connaît ses maxima...
Commentaires (identifiez-vous pour commenter)