Le sens n'est jamais intrinsèque. L'indétermination de la traduction

Comme toute personne bilingue peut en témoigner, il est parfois impossible de reproduire de manière concise tous les niveaux de sens d’une expression dans une autre langue. Pensons par exemple aux formidables difficultés auxquelles est confronté un traducteur de poésie. Bien qu’il soit clairement d’intérêt philosophique, ce phénomène n’est pas l’objet de la célèbre thèse de l’indétermination de la traduction de Quine (1). Dans ce qui suit, je vais essayer d’expliquer cette thèse mal comprise. Mes propos seront, dans une certaine mesure, le fruit de mes propres réflexions sur l’indétermination. Il y a, on va le voir, trois sources d’indétermination.

Commençons par le cas « gavagai », qui a fait couler beaucoup d’encre et qui est un exemple de ce que Quine appelle l’inscrutabilité de la référence. Lors d’une expédition dans la forêt tropicale, vous tombez sur un groupe d’aborigènes qui parlent une langue qui vous est tout à fait inconnue. Heureusement, ils ne sont pas hostiles, et vous décidez d’apprendre leur langue. Les aborigènes sont très friands de lapin et vous constatez qu’ils ont tendance à dire « gavagai » en présence d’un lapin. (Supposons, pour simplifier, qu’ils ne se trompent jamais à ce sujet. Je reviendrai sur...

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