Étrange histoire que celle de ce roman. Melpo Axioti (1905-1973), après avoir fui la Grèce et sa guerre civile en mars 1947, l’a écrit directement en français et comptait bien le faire publier en France par Aragon. Il ne l’a pourtant jamais été jusqu’à ce jour1. Le manuscrit était disponible sur le site de l’université de Thessalonique où sont rassemblées les archives de l’auteur, mais il s’agit là, soixante-six ans après sa rédaction, de la première parution française de l’ouvrage. Inachevé, ce roman offre un aperçu émouvant de l’univers d’Axioti, et le portrait de deux villes désolées par l’occupation et la guerre, Paris et Athènes. Et, au-delà de son contexte historique, une réflexion, des impressions sur l’exil, le fait de fuir un pays en guerre et d’être chassé d’un pays d’accueil, qui conservent malheureusement toute leur actualité.
Le roman raconte l’arrivée en France et à Paris, « quelque part vers la République », dans un quartier desservi par la ligne de bus n° 20, d’une jeune femme, Lisa, en qui se reconnaissent quelques traits de l’auteur2. L’histoire du personnage n’est toutefois pas vraiment développée, ses origines sont allusivement évoquées, ses activités politiques à Paris, si elle en a, à peine esquissées (elle participe à une manifestation du 1er mai, on la voit proche de grévistes, on devine que son amant Georges est un militant). Même son départ forcé à la fin du ro...
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