Les Enfants de Staline semble relever au premier regard de la saga familiale traditionnelle : il s’ouvre sur la biographie politique d’un militant puis cadre communiste soviétique Boris Bibikov qui porte sur ses épaules la construction à rythme forcé d’une usine de tracteurs à Kharkov au début de la collectivisation. Owen Matthews évoque avec beaucoup de pittoresque l’activisme débridé de ce Bibikov pour convaincre les ouvriers frais émoulus de la campagne de construire cette usine quasiment à mains nues. On peut certes s’étonner quand on lit « Les ouvriers alignaient chaque soir leurs godasses d’étoupe au pied des baraques pour les faire sécher au soleil » (p. 47). Le soir ? Or même Staline n’arrivait pas à faire briller le soleil pendant la nuit, mais sans doute Owen Matthews se laisse-t-il là gagner par l’enthousiasme de son grand-père.
Le directeur de la rédaction de Newsweek à Moscou est en effet le petit-fils de Boris Bibikov, son père Mervyn Matthews ayant épousé dans des conditions assez rocambolesques la fille de ce dernier Ludmila Bibikova.
En 1937 comme de nombreux cadres du Parti Bibikov est arrêté, convaincu d’avoir adhéré en février 1934 à une « organisation terroriste contre-révolutionnaire » trotskyste, et projeté de « saboter un haut fourneau » de l’usine qu’il s’était pourtant attaché à construire au détriment de sa vie personnelle… en y jetant un obus d’artillerie de la...
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