Gagner sa liberté, sa vie, son espace : tel est toujours le fil serré des histoires d’Alice Munro. Mais pour la première fois il s’agit de son histoire personnelle, précise, lucide, dans la ferme aux renards argentés, en lien direct avec celle de ses ancêtres venus d’Écosse. Pour mieux s’affranchir d’un livre de mémoires, l’imagination s’en mêle qui va faire vibrer des existences robustes ou discrètes sur les terres vierges des cantons canadiens. L’audacieuse Alice Munro crée un genre hybride, original parce que rebrodé sur la trame historique, fidèle dans l’infidélité. Élargissant les histoires familiales pour créer une fiction de généalogiste, elle invente une composition à la fois ample et intimiste portée par l’élan de sa belle plume incisive.
Du côté de Castle Rock (A view from Castle Rock)
Il y a dans l’air du temps comme un parfum de jadis et naguère, une nécessité de combiner les attachements ancestraux à l’exigence de l’aujourd’hui, une volonté de reprendre l’aventure matérielle et spirituelle d’une filiation, mais sans l’ombre d’une nostalgie. L’avant-propos d’Alice Munro définit ce mélange inédit de matériel patiemment documenté par des archives, des lettres et des recueils de souvenirs détaillés mâtiné d’évasion fictionnelle comme une « curieuse recréation d’existences dans un cadre donné, aussi véridique que notre idée du passé le sera jamais ».
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