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Dans les catacombes, dans les églises

Aux premiers siècles du Christianisme (Ier-VIIe siècles), dans les catacombes et dans les églises, les fresques, les mosaïques, les sculptures des sarcophages, les vases proposent aux fidèles les images des réalités évidentes et significatives : le navire, le port et le phare, le bâton, la faucille, le soleil, la lune, les étoiles, la montagne, la vigne, le palmier et les palmes, la colombe, le paon, l’aigle, l’agneau, le lion, le cerf, le poisson, la baleine, le miel, le vin, le lait, l’huile… 
Gérard-Henry Baudry
Les symboles du christianisme ancien (Ier-VIIe s.)
Aux premiers siècles du Christianisme (Ier-VIIe siècles), dans les catacombes et dans les églises, les fresques, les mosaïques, les sculptures des sarcophages, les vases proposent aux fidèles les images des réalités évidentes et significatives : le navire, le port et le phare, le bâton, la faucille, le soleil, la lune, les étoiles, la montagne, la vigne, le palmier et les palmes, la colombe, le paon, l’aigle, l’agneau, le lion, le cerf, le poisson, la baleine, le miel, le vin, le lait, l’huile… 

Ces choses visibles sont des symboles qui associent les figures et les idées. Les Chrétiens des premiers siècles ont longuement contemplé ces images pour tenter de les interpréter selon des logiques qui étonnent souvent.

Plusieurs symboles reviennent dans tel programme pictural qui illustre le salut, la guérison, la délivrance. Ces symboles, ces choses représentées, sont des éléments articulés qui forment ensemble une sorte de phrase. Par exemple, le vin et le pain signifient le sacrement de l’Eucharistie et une mosaïque évoque les Noces de Cana, l’eau qui se transforme en vin. Ou bien, pour le baptême, les enfants de Dieu deviennent les petits poissons dans l’eau de la piscine baptismale ; ils vénèrent la forme du poisson. Et, selon Saint Augustin, le mot grec Ichtus (poisson) se compose des initiales d’une formule : Iêsous, Christos, Théou Uios, Sôter (Jésus, Christ, Fils de Dieu, Sauveur) : Christ-Poisson.

Les textes et les images du salut reprennent les épisodes de l’Ancien Testament : Noé a construit l’arche et est sauvé du Déluge ; Isaac n’a pas été sacrifié ; Jonas a été avalé par la baleine et en est sorti après trois jours ; Daniel n’a pas été dévoré par les lions dans leur fosse ; les trois enfants dans la fournaise n’ont pas été brûlés ; Suzanne a été délivrée des vieillards calomnieux…

Dans certains écrits des Pères de l’Église, il y aurait des préfigurations du bois de la croix : l’arbre du paradis, le bois de l’arche de Noé, le bâton de Moïse, les mâts des bateaux… Dans de nombreuses scènes, le Christ prend plusieurs aspects symboliques. Dans les peintures des catacombes, on dénombre cent quatorze représentations du Christ qui serait le Bon Pasteur ; il rechercherait la brebis perdue et, joyeux, il la trouverait et la porterait sur ses épaules. Ou bien, avec une cithare, le Christ est Orphée qui apprivoise les animaux ; on le compare aussi à David qui a joué de la harpe : Christ-Musicien. Ou encore, il est Christ-Soleil invaincu. Ou aussi, il est le Christ-Philosophe et Pédagogue. Ou bien, il guérit les aveugles et les paralytiques : le Christ-Médecin. Ou encore, le Christ est l’Agneau ; et dans une fresque, se dressent sept corbeilles de pains. Ou aussi, dans des mosaïques, on représente (à partir du ve siècle) un gigantesque trône vide, sans visage ; le Christ est à la fois présent et absent…

Sur une autre mosaïque (provenant d’Antioche), le Phénix nimbé se dresse au sommet du Golgotha. Il promet la résurrection. Il renaît des cendres.

Sans cesse, les symboles donnent à penser, à interpréter et aussi à imaginer. Dans les catacombes et dans les églises, les peintures et les mosaïques rayonnent doucement. Les symboles se situent très loin des concepts, ils suggèrent des analogies flottantes, des échos voilés.

Gilbert Lascault

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