L’œuvre d’Elfriede Jelinek – née en 1946 et récompensée du prix Nobel de littérature en 2004 – s’inscrit dans la lignée flamboyante des écrivains nihilistes dont font partie Cioran, Bernhard, Houellebecq ou Beckett. En mélanomane invétérée, selon le néologisme créé par René Raynal et repris par Nancy Huston dans Professeurs de désespoir pour qualifier les écrivains négativistes passionnés de noir, Jelinek procède à une défiguration en règle et au scalpel des rapports entre l’homme et la femme. Tout l’acide de la terre se concentre dans son encre, se déverse tel un torrent libérateur et irrigue des romans hautement controversés tels que Les Amantes (1975), La Pianiste (1983), Lust (1989), trois textes fondamentaux piétinant allègrement le mythe d’une sexualité heureuse.
Avertissement aux lecteurs du roman Les Amantes : accrochez-vous fermement à votre siège et prenez une large inspiration, avant d’entamer ce brûlot ! Cette matière hautement dangereus a vocation à vous couper les jambes, à vous briser le cœur, à vous purger des derniers espoirs que vous placiez en l’homme.
Contrairement à ce que laisse supposer le titre, c’est l’histoire d’un amour, ainsi que le fredonnait Dalida, mais sans amour. Leurre de l’amour. Chimères éternelles. Brigitte et Paula, deux jeunes couturières de sous-vêtements à la chaîne, cherchent à se caser, à s’un...
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