Le futur est pluriel, mouvant, indiscernable. Pour chaque individu, il se révèle source d’espoir, ou d’indifférence, surtout d’appréhension comme l’indiquent la plupart des enquêtes. C’est un sujet qui ne peut en aucun cas se matérialiser par des prévisions certaines, à moyen terme comme à long terme. Personne n’a sur l’avenir de prise véritable, sauf si celui-ci est abordé par le biais d’un objet littéraire, comme la science-fiction, qui spécule sur ses multiples possibles, sans préjuger de leur finalité. Mais son étendue se révèle si vaste qu’il serait nécessaire, dans l’idéal, pour l’appréhender dans toutes ses dimensions, d’anticiper un nouveau langage dont la formulation ne repose sur aucune certitude quant à son évolution. Il n’existe, en effet, aucune méthode radicale pour imaginer quelles seront les formes d’expression linguistique qui prévaudront demain, surtout à l’heure d’une mutation globale des moyens de communication.
L’auteur de science-fiction se trouve en conséquence placé devant un dilemme : soit inventer un type d’écriture révolutionnaire qui s’adapterait à son projet, quitte à se priver du contact avec ses contemporains ; soit choisir d’y renoncer en tablant, comme le suggérait Jim Ballard, « sur une forme de fiction tournée vers l’avenir et qui s’intéresse au présent immédiat en termes de futur plutôt que de passé. Elle exige des techniques narratives en rapport avec la matière même de son sujet ». Ce qui rejoint par induction le sentiment d’un Louis de Broglie, émis des décennies auparavant : ...
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