La Pensée anticipatrice. Anticiper l'avenir ou contre-fictionner le présent ?

Que Paul Ricœur analyse la puissance synthétique des récits ou que Christian Salmon dénonce « la machine à formater les esprits » que serait le storytelling, on paraît s’accorder à penser que c’est en se racontant des histoires que les humains donnent sens à leur vie. Est-ce à un manque de récits d’anticipation qu’il faut attribuer le cruel déficit de notre imaginaire politique actuel, qui reste désespérément prisonnier de ressassements obsolètes ? Est-ce par défaut d’imagination utopique que nous laissons l’écocide capitaliste étouffer nos perspectives d’avenir ?

Tout récit anticipe des comportements à venir, qu’il contribue activement à produire. Même lorsqu’un conteur nous raconte pour la énième fois l’histoire d’Antigone enfreignant les décrets de Créon, il « anticipe » nos sentiments et nos modes de comportements à venir en ce sens qu’il fraie en nous des investissements affectifs, des enchaînements de gestes relationnels, des attentes sociales et des exigences éthiques qui viendront informer nos comportements futurs. Raconter (des événements attestés ou imaginaires, futurs ou passés), c’est faire ressentir dans le présent certains enchaîneme...

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