Le sociologue et le post-social

 À l’image de la mort de Dieu chez Nietzsche et de la mort de l’homme chez Foucauld, faut-il constater, avec Alain Touraine, la mort de la société ? Quel est l’intérêt d’un tel acte de décès sous les coups de la globalisation, avec la complicité agissante de la crise ? Dans notre bibliothèque mentale, quel va être le retentissement d’un ouvrage qui en éclaire d’autres, et notamment l’abondante littérature consacrée au bouleversement économico-financier que l’on vient de connaître ? Serait-ce la lueur d’un autodafé où sont brûlées les idées reçues ? Quelque chose se consume, encore faut-il comprendre quoi. Or, si la sociologie de l’émancipation a pu adopter une position surplombante pour étudier les phénomènes en aidant à s’affranchir de leur joug, il semblerait que désormais le langage de l’astrophysique évoque plutôt la vulnérabilité : « la société, c’est fini, une météorite gigantesque a tout détruit, et cette météorite, c’est l’économie globalisée. On a assisté à un éclatement de la société ces vingt dernières années. Le danger aujourd’hui est alors le repli entre communautés. Cela m’ennuie d’avoir à l’avouer, car je suis sociologue, mais il n’y a plus de société ». 
Alain Touraine
Après la crise
(Seuil)

Après la crise est un livre courageux, n’hésitant pas à tirer des conclusions radicales, mais non péremptoires, car le propos de l’auteur s’inscrit dans un vaste travail théorique entamé il y a plusieurs décennies. C’est le registre de la validation, et non celui de la provocation, qui donne le ton à un texte qui s’inscrit dans une œuvre. Lorsqu’Alain Touraine développe la notion de « nouveaux acteurs », on ne peut manquer d’observer que, dès les années 1970, il évoquait la nouvelle classe ouvrière, comme si le terme « nouveau » relevait sous sa plume d’un usage ancien, comme si...

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