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Splendeurs de l'Art islamique

Article publié dans le n°1005 (16 déc. 2009) de Quinzaines

Un quidam, flânant dans une librairie du VIe arrondissement, qui ouvrirait par le plus grand des hasards le catalogue de l’exposition Khalili serait immédiatement séduit par les reproductions d’objets en tous genres, bijoux, orfèvrerie, verrerie, feuillets calligraphiés du Coran.
Arts de l'Islam. Chefs-d'œuvre de la collection Khalili
Un quidam, flânant dans une librairie du VIe arrondissement, qui ouvrirait par le plus grand des hasards le catalogue de l’exposition Khalili serait immédiatement séduit par les reproductions d’objets en tous genres, bijoux, orfèvrerie, verrerie, feuillets calligraphiés du Coran.

À vrai dire, cet objet ne laisse de susciter de la perplexité chez notre quidam, qui entend l’époque bruire de toutes sortes d’idées de violence, de terrorisme au sujet de l’Islam. Tant et si bien qu’il se demande si l’ouvrage qui lui révèle ces splendeurs et les idées que l’opinion ambiante lui parlent du même référent. Bientôt incapable de lâcher l’ouvrage avant d’en avoir tourné la dernière page, il décide d’aller y voir de plus près, l’exposition se tient non loin, rue des Fossés-Saint-Bernard. Ce quidam entrerait de plain pied dans l’univers de l’Islam par la porte la mieux conçue.

Quant à nous si nous nous posons la question, c’est qu’elle est le fil conducteur de cette exposition. « Je crois que la compréhension mutuelle entre les religions revêt une importance vitale et je forme le vœu que cette exposition, ainsi que l’ensemble de mes activités de chercheur et de collectionneur, puisse contribuer au progrès de cette compréhension » écrit M. Nasser David Khalili, dont l’exposition présente la collection de splendides raretés orientales.

L’exposition Khalili donne à voir les pièces d’un art islamique arrivé à sa pleine maturité. La calligraphie, qui y occupe une place essentielle, est un genre où le sacré se distingue malaisément du profane. Des formules sacrées, des prières sont finement ciselées dans des aiguières, des jarres, des flacons, des verseuses, des coffrets incrustés de nacre et des coupes et des gobelets à pied. Deux feuillets du Coran reproduisent des passages de la Sourate dite de « La Vache » du Coran, d’une écriture coufique stylisée, dorée sur parchemin teint au safran, une pièce unique. D’autres feuillets dans le style hijâzi, plus ancien, caractérisé par de longues hampes et une inclinaison droitière qui signalent son appartenance à la région du Hedjâz (Arabie). D’autres feuillets sont proposés en calligraphie naskhi, d’Ispahan, de Shirâz ou encore de Boukhâra. Un Coran en un volume est copié en muhaqqaq, c’est-à-dire en une écriture cursive présentant un équilibre harmonieux entre les hampes et les traits horizontaux.

Contrairement à une opinion communément répandue, la représentation figurée occupe une place importante dans l’art islamique. Les objets présentés dans la collection Khalili le révèlent avec éclat. Qu’il s’agisse des coupes aux oiseaux adossés de Syrie de la fin du XIIe siècle, des coupes aux ornés de motifs animaliers telle la coupe au lion et aux renard ou encore de l’aquamanile en forme d’éléphant, de sculptures de têtes couronnées originaires d’Iran au XIIe siècle, d’un dessin au pinceau intitulé « deux derviches errants » datant de la fin du XVe siècle ou même d’une gouache « Judith portant la tête tranchée d’Holopherne » signée Muhammad Zamân d’Ispahan, vers 1680, toute une variété de scènes figurées, de représentations d’oiseaux, d’hommes, de femmes et d’animaux a inspiré les artistes musulmans.

Nonobstant la rareté, l’antiquité et la beauté des pièces amoureusement recueillies, l’un des intérêts majeurs de cette exposition est de plaider pour une meilleure connaissance de l’Islam. Et nous pouvons très sincèrement envier l’heureux quidam qui aborde aux rives de l’Islam par la magie et les sortilèges de ses arts.

Omar Merzoug

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