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« Tout le monde ne peut pas être un tigre »

Beaucoup écrivent aujourd’hui comme si Robert Walser ou Samuel Beckett n’avaient jamais existé. Ils n’écrivent pas pour nous, mais pour ce lecteur en nous qui fait déjà partie du passé. Tout au contraire, depuis Max, son premier roman paru en 1981, depuis l’excellent Maurice à la poule, dont la traduction reçut le prix Femina en 2013, l’écrivain suisse de langue allemande Matthias Zschokke s’adresse au lecteur à venir. Né en 1954, formé au métier de comédien, dramaturge, scénariste, il poursuit, à travers ses personnages, une réflexion sur la notion de persona, ce masque que revêt tout homme quand il tente de devenir acteur de sa propre vie.
Matthias Zschokke
L’homme qui avait deux yeux
(Zoé)

Sans doute, à lire les titres de ses romans, serions-nous tenté de penser qu’ils relèvent de l’art ancien du portrait, puisqu’il y est question d’un homme, parfois nommé (Max, Maurice), parfois affublé d’attributs insolites (« à la poule », « qui avait deux yeux »), en sorte que les protagonistes s’annoncent de prime abord comme des caractères qu’il s’agirait de découvrir. Mais la lecture de son dernier ouvrage oppose un démenti frappant à cette attente. Tout commence, en effet, par le décès de « la femme dans la chaise longue » peu de temps après le c...

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