Avec les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, la question du blasphème a de nouveau été propulsée sur le devant de la scène médiatique. Tel un serpent de mer, l’ancestral « péché de bouche » se rappelle régulièrement à nous à l’occasion de menaces proférées ou de crimes perpétrés à son encontre. Mais lorsque l’émotion est à son comble et le débat houleux, il est parfois difficile de se donner du champ, de prendre la mesure historique d’un phénomène. C’est cette mise en perspective que nous propose l’historien du droit Jacques de Saint Victor dans un essai éclairant.
Blasphème. Brève histoire d’un « crime imaginaire »
Les soubresauts de l’histoire
Le 1er juillet 1766, à Abbeville, le chevalier de La Barre (alors âgé de vingt ans) est supplicié et exécuté. On lui brise d’abord les os puis on le conduit vers l’échafaud. Une pancarte où figurent les mots « impie, blasphémateur et sacrilège exécrable » est placée sur son dos. Dans un geste de clémence, son bourreau lui fait grâce de lui arracher la langue, étape que lui réservait pourtant sa peine. Le jeune chevalier est décapité au sabre. Son corps, sur lequel on cloue un exemplaire du D...
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