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Les Chambres de Kafka

C’est dans une chambre que commence Le Procès : on vient arrêter Joseph K un beau matin. Il sonne, on entre, et c’est tout. Il aurait aussi bien pu ou ne pas sonner pour avoir son petit...

C’est dans une chambre que commence Le Procès : on vient arrêter Joseph K un beau matin. Il sonne, on entre, et c’est tout. Il aurait aussi bien pu ou ne pas sonner pour avoir son petit déjeuner, le gardien ne serait peut être pas entré – la chambre est le lieu où tout est déjà joué. C’est là que tout commence et se mesure. Cette chambre, on y pense tout au long de la lecture, elle occupe autant l’esprit que la fameuse première phrase : « Quelqu’un avait dû calomnier Joseph K car, sans rien avoir rien fait de mal, il fut arrêté un  matin. » Son arrestation le laisse libre, c’est lui qui, de chambre en chambre (il va même dans celle de sa voisine pour lui montrer comment l’arrestation s’est passée dans la sienne), de galerie en galerie et de couloir en couloir, la complétera peu à peu jusqu’à l’achever par son exécution. Titorelli le peintre du tribunal habite un galetas. C’est à travers la cloison de sa chambre que « Le voisin » entend tout. C’est dans sa chambre que Gregor Samsa est métamorphosé en scarabée. Toutes les chambres de Kafka sont des lieux de fragilité, de faux mouvement proche, des lieux d’incertitude et de rencontres manquées, comme le dit Kafka : « Celui qu’on cherche habite juste à côté. »

Georges-Arthur Goldschmidt