Redondance du « nouveau », qui semble encore plus inattendu que ce qui était sans précédent, afin de penser le radicalement inédit : la crise économique d’ampleur mondiale, cataclysme de la finance, mise à mal des théories monétaristes. Véritable surenchère pour porter un regard neuf sur un bouleversement abondamment commenté, avec une effervescence éditoriale qui tient du surgissement continuel. L’ouvrage du prix Nobel américain s’inscrit dans cette ébullition théorique. Son originalité tient au fil conducteur choisi et au statut de l’auteur qui, avant même 2007, au forum de Davos, avait prédit la survenue de graves problèmes. Dès lors, l’enjeu est sans doute moins de tirer les leçons qui s’imposent que de s’imposer comme donneur de leçons. Et si donner le « la » en matière de commentaire sur la crise contribuait à l’influence dont jouit un pays pour maîtriser la sortie de crise ?
Le triomphe de la cupidité
Un économiste a judicieusement écrit que la sortie de crise est un processus très concurrentiel : « les premiers sortis seront les mieux lotis ». Figurer parmi les premiers à fournir une armature conceptuelle à ce qui est arrivé (simple accident de parcours avec retour à la normale ou, au contraire, impitoyable remise en cause ?) peut orienter ce qui va arriver, sous l’effet de choix stratégiques opérés par des acteurs sur une scène mondialisée. Joseph Stiglitz mesure lui-même la portée de son argumentation en affirmant que des idées fausses ont conduit à la crise. Son livre parle d’un c...
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